Pierre d'Iberville qui, d'apres les memoires du temps, se distinguait
au milieu de tous par sa piete et son heureux caractere, etait
singulierement remarquable par un temperament infatigable et son
habilete dans les exercices corporels.
Les ecrits et les memoires qu'ils a laisses et qui sont pleins d'interet
et du style le plus noble, font voir qu'il avait bien profite des
enseignements de M. Souart.
Pierre passa sa jeunesse dans la maison de son pere, sur la rue
Saint-Joseph. On peut voir encore, pres de la sacristie de Notre-Dame,
quelques corps de batiment de la maison des Le Moyne, et dans le jardin
du Seminaire, il restait encore, il y a quelques annees, des arbres tres
anciens qui avaient pu ombrager ses premiers jeux.
Le futur heros etait grand pour son age, d'une figure ovale et agreable,
teint clair, tres blond, avec des cheveux abondants, digne fils du baron
de Longueuil, que les sauvages avaient nomme l'alouette, a cause de son
teint et de ses cheveux blonds. Son maintien etait noble, mais tempere
par beaucoup de modestie et de douceur.
Il etait de ceux dont on a pu dire qu'ils plaisaient au premier regard,
mais qu'on les aimait en les connaissant davantage. Ses manieres etaient
aisees, agreables, et son commerce plein d'ouverture et conciliant.
Il montrait, des sa jeunesse, tous les signes de ce caractere obligeant
et genereux qui le fit tant aimer de ses soldats qu'ils l'auraient suivi
jusqu'au bout du monde, disaient-ils; enfin, il avait ce coeur tendre,
plein de pitie pour le malheur qui le fit remarquer et adorer des
nations sauvages.
Pendant qu'il demeurait chez son pere, il put etre temoin de differents
evenements notables: la construction de l'eglise paroissiale, la
division et la denomination des rues de la ville, et enfin, l'entree
dans Montreal, d'une partie des troupes que le roi avaient envoyees dans
la Nouvelle-France. Ces troupes venaient se fixer dans la ville et aux
environs pour defendre les colons, Cet evenement dut lui faire une
grande impression.
CHAPITRE V
LES TROUPES ARRIVENT EN CANADA.
L'obligation de lutter continuellement contre les sauvages portait
l'attention des colons vers l'etat militaire: c'etait l'etat le plus en
vue. Or cette disposition fut singulierement activee parmi la jeunesse
de Montreal lorsqu'on vit arriver dans le pays, avec le regiment de
Carignan, la fleur de la noblesse de France et l'elite de ces familles
militaires qui vouaient leurs
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