le Long-Sault, les Cedres, et enfin le saut
St-Louis, qui a pres de vingt pieds de hauteur, ou se trouvent les
derniers degres de cette pyramide de 1,600 pieds de hauteur que nous
venons de parcourir. Le fleuve recoit alors d'immenses affluents:
l'Ottawa, le Richelieu, le Saint-Maurice, l'Yamaska, le Saguenay, de
3,000 pieds de largeur, apres lequel le grand fleuve atteint 10 lieues,
puis 20 lieues, puis 30 lieues de largeur en arrivant a la mer.
Le bateau du gouverneur etait d'une grande dimension. Les sauvages
furent au dernier degre d'etonnement en voyant les Francais manoeuvrer
un si grand batiment. Ils savaient le sortir de l'eau en un instant, et
le porter au dela des rapides avec une remarquable facilite.
M. Le Moyne rendit les plus grands services, et sut faire valoir pres
des sauvages l'effroi que leur inspiraient la force et l'audace des
Francais; aussi les sauvages n'oserent pas attaquer le gouverneur a
l'aller ni au retour.
En 1673, deux ans apres, nous dit M. Dollier de Casson, M. de Frontenac,
le nouveau gouverneur, voulut faire le meme voyage, et il emmena avec
lui M. Le Moyne, qui devait lui etre du plus grand secours. M. Le Moyne
pouvait s'assurer des dispositions des sauvages, et ainsi il faisait
eviter tout mal entendu; nous le verrons ci-apres.
M. de Frontenac arriva a Montreal vers le 20 juin 1673, il fut recu en
grande pompe par le clerge et par la garnison, avec le gouverneur Perot,
qui devait l'accompagner. Il assista, le 24 juin, a la messe a l'eglise
paroissiale: c'etait le jour de saint Jean-Baptiste, patron du pays et
du ministre Colbert. Le gouverneur fut complimente dans le sermon donne
par M. de Fenelon. Le lendemain, il partit avec 400 hommes et 100
canots. Il avait, en outre, deux grandes berges ornees de couleurs
eclatantes pour frapper, disait-il, les sauvages. C'est pour la meme
raison que son escorte etait si nombreuse. Il avait avec lui trois
pretres: M. Dollier de Casson, M. d'Urfe et M. de Fenelon, pour traiter
avec les sauvages, dont ils etaient les missionnaires.
M. Le Moyne recut les sauvages et les presenta a, M. de Frontenac. Il
traduisit les allocutions et les reponses, et enfin, il etait charge
d'amener chaque jour, a la table du gouverneur, deux ou trois des
principaux parmi les Iroquois. Nous pensons que M. Le Moyne avait avec
lui ses fils, au moins les trois aines: Charles, qui avait dix-neuf ans,
Jacques, qui avait dix-sept ans, et Pierre, age de pres de quinz
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