e ans.
M. de Frontenac ayant recu les Indiens, ceux-ci lui adresserent, un
discours de bienvenue par un des principaux chefs, Garakonthie. Ensuite,
M. de Frontenac fit une reponse qui fut traduite par M. Le Moyne. Les
jours suivants furent employes a la construction d'un fort ou M. de
Frontenac installa une garnison.
Ensuite le gouverneur revint a Ville-Marie avec ses troupes, et il
continua a s'occuper de l'amelioration de son fort, qu'il confia l'annee
suivante a M. de La Salle, a qui il accorda une garnison de 40 soldats,
destines a proteger les marchands et les traitants qui se fixerent
autour du Fort.
CHAPITRE IX
MONSIEUR LE MOYNE ENVOIE SES ENFANTS EN FRANCE POUR ENTRER DANS LA
MARINE.
En revenant de cette expedition, M. Le Moyne prit une decision qui
devait avoir les consequences les plus avantageuses pour ses enfants.
Vers ce temps, Colbert employait tous les moyens pour mettre la marine
militaire sur le plus grand pied. Dans sa superiorite de vues, il avait
compris qu'avec les nouvelles colonies possedees par les autres nations,
la marine etait appelee a occuper une place considerable dans le monde.
Il voyait que le siege de la puissance etait deplace dans l'ordre
politique, et se trouvait alors dans le commerce des deux mondes.
Cinq ports furent agrandis et fortifies: Brest, Toulon, Rochefort, le
Havre et Dunkerque. Des vaisseaux furent construits sur un plus grand
modele que ceux de l'Angleterre et de la Hollande. Cent vaisseaux de
ligne furent prepares, avec 60,000 matelots, et les commandements furent
donnes a des hommes d'un grand genie: d'Estrees, Tourville, Duquesne,
Jean Bart et Forbin. Bientot le pavillon francais, jusque-la a peine
connu sur les mers, donna la loi aux autres nations.
Colbert voulut assurer ces succes. "Le roi avait demande a Colbert
l'empire de la mer, et Colbert, par les mesures les plus puissantes, sut
le lui donner."
Tels furent, dans les annees suivantes, les progres de la marine que,
tandis que la France, en 1672, n'avait que soixante vaisseaux de ligne
et quarante fregates avec 60,000 matelots, moins de dix ans apres, en
1681, la marine comptait cent quatre-vingt-dix-huit batiments de guerre
et 160,000 hommes de mer.
Mais pour en arriver la, le ministre avait etabli des classes de
recrutement pour les marins et des ecoles speciales pour former les
officiers, pris dans les meilleures familles. A Rochefort, a Brest, a
Dieppe, a Toulon, on avait fonde des
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