de son mari.
Au bout de quelques jours Le Moyne revint; il avait gagne ses ennemis
en leur rappelant les bontes qu'il avait eues pour les prisonniers
iroquois, et en les menacant de la vengeance des troupes du roi qui
allaient bientot arriver.
Charles Le Moyne retourna a Montreal. C'est alors qu'il fut sensiblement
eprouve dans ses plus tendres affections, par suite du depart de M.
de Maisonneuve pour la France. Il lui etait attache par les liens de
l'estime la plus haute et de la reconnaissance la plus tendre; aussi ce
depart lui causa-t-il la plus vive douleur, comme la separation d'avec
le pere le plus tendre et le plus aime.
M. de Maisonneuve, de retour en France, resta toujours attache a son
ancien gouvernement. Il s'endormit dans le Seigneur "avec une confiance
d'autant plus parfaite dans les recompenses du ciel," nous dit M.
Faillon, "qu'il n'avait rien recu pour ses services de la terre." [7]
[Note 7: M. Faillon, _Histoire de la colonie_, tome III, page 115.]
CHAPITRE III
DEVELOPPEMENTS DE MONTREAL.
Fondee on 1642, la cite de Montreal s'accrut lentement dans ses
commencements, mais ensuite l'accroissement fut rapide.
Ainsi, apres vingt ans, elle ne comptait que 500 ames, mais dix ans
apres, il y en avait plus de 1500.
Ce qui etait surtout a considerer dans ces commencements, c'etait le
zele pour l'amelioration des pauvres sauvages, et l'energie des pieux
colons.
Le zele pour la conversion des infideles etait extraordinaire, et le
courage pour braver les epreuves et les dangers, au-dessus de toute
expression.
"On voyait bien, dit le Pere Leclercq, que ces gens-la avaient quitte
leur patrie par les mouvements d'un zele apostolique," et rien ne
pouvait les faire changer de sentiments; ni l'ingratitude, ni la
perfidie des sauvages, ni leur defaut de bonne foi, ni leurs cruautes
inhumaines, rien ne pouvait eteindre le feu de la charite.
Tout etait regle dans la nouvelle ville comme dans une communaute
militaire. A une heure fixee, apres la priere et la sainte messe, qui
avaient lieu a 4 heures du matin, la population se rendait au travail
dans les champs; chacun avait pres de soi son fusil cache dans un
sillon.
Il ne se passait pas de jour sans attaque. Ceux qui se laissaient
surprendre etaient voues a des supplices atroces. On admirait leur
courage, on plaignait leurs souffrances, mais on ne renoncait pas a
prier pour les bourreaux. Enfin, des qu'une occasion favorable se
presentai
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