t, on cherchait a gagner ces pauvres aveugles. A force
d'efforts et de patience, les ames finissaient par se laisser eclairer,
les coeurs etaient touches, le mal vaincu par le bien.
Ces premiers temps ont ete admirables. La ville offrait comme une image
de la primitive Eglise. Ces braves gens etaient voues a la piete la
plus fervente et a la charite la plus devouee. Il n'y avait jamais de
contestation entre eux; il n'y avait qu'un coeur et qu'une ame, et
tandis qu'ils etaient si unis a Dieu, si bons entre eux, ils restaient
inebranlables dans le danger. Chaque citoyen se regardait comme une
victime offerte a la mort pour la glorification de l'Evangile.
Dans les annales de la soeur Morin, ecrites vers ce temps, nous avons
les details les plus touchants sur la vie a Montreal avant l'arrivee des
troupes: la piete, la charite, des colons, les privations qu'ils avaient
a subir, enfin les cruautes extremes qu'ils etaient exposes a eprouver,
etant entoures d'ennemis feroces, nombreux et implacables.
Bientot differentes circonstances favoriserent les saintes dispositions
et le zele des colons pour la conversion des infideles.
Plusieurs nations etaient en guerre; l'une d'elles, celle des Iroquois,
puissante et implacable, faisait une guerre d'extermination contre ses
ennemis.
Leurs victimes venaient implorer la protection des Francais. Elles
furent accueillies et placees dans des positions retranchees. On compta
bientot plusieurs colonies chretiennes: a la Montagne, a la Prairie, au
Sault-Saint-Louis, au lac Saint-Francois, au lac des Deux-Montagnes, et
enfin a la Petite-Nation, sur l'Ottawa, a vingt lieues de Montreal.
Ces nouveaux chretiens, disciplines par les Francais, devinrent
eux-memes comme des apotres. On en fit des catechistes zeles et habiles.
Ils rendaient de grands services au sein des autres tribus.
Les Francais excitaient l'admiration de leurs plus cruels ennemis par
leur douceur, leur sollicitude et leurs liberalites inepuisables. Ils
etablissaient ceux qui se donnaient a eux, leur apprenaient a cultiver,
leur livraient des terres, representaient l'excellence de la vie reglee
et civilisee a ces pauvres barbares, et se montraient ainsi bien
differents des gens de Boston, qui ne s'etaient jamais occupes des
nations qui les entouraient, que pour les detruire et se mettre a leur
place.
Au milieu de leur noble mission, les Francais acqueraient une habilete
merveilleuse pour occuper le pays. Formes par
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