rintemps, partaient des flottilles
de batiments pour les peches de Terre-Neuve et pour la traite des
fourrures.
En 1664, dans un seul mois, on vit partir des cotes de Dieppe et des
pays voisins, 65 grands vaisseaux pour le Canada.
Il y avait en cette ville des quartiers consacres au commerce des
produits de l'Amerique, et il existe encore une rue nommee de la
Pelleterie, ou residaient une quantite de marchands de fourrures, qui
trafiquaient des envois du Canada avec l'Europe.
M. Paillon, en parcourant les livres des paroisses, a trouve aux
registres de l'etat civil un temoignage bien caracteristique des
rapports de Dieppe avec la Nouvelle-France. Voici les noms qu'il a
releves a la paroisse Saint-Jacques de Dieppe pour l'annee 1630:
Duhamel, Hardy, Auger, Aubuchon, Duhuc, Godebout, Davignon, Hebert,
Senecal, Gaudry, Duval, Gervais, Vallee, Lecompte, Godard, L'Ecuyer,
Leroux, Dumouchel, Viger, Cardinal, Duchesne, etc.: on se croirait dans
une paroisse de Montreal ou de Quebec.
Il ne faut pas s'etonner qu'au moment ou les chefs des nouvelles
entreprises recrutaient des volontaires pour la Nouvelle-France, le
nomme Duchesne, soldat dans les troupes du roi, se presenta, avec deux
de ses neveux: Jacques Le Moyne, age de dix-sept ans, et son frere
Charles, age de 14 ans. Leur pere, Pierre Le Moyne. etait marie avec
Judith, soeur de Duchesne. C'etait un ancien soldat qui tenait un hotel
sur la paroisse Saint-Jacques, pres de la mer, et qui recevait comme
clients ordinaires les marins qui s'embarquaient pour l'Amerique.
Ces familles des cotes de la Manche etaient toujours disposees a, tenter
les aventures perilleuses, et la religion presentait cette oeuvre comme
digne de coeurs chretiens; il s'agissait de donner aux populations
sauvages le tresor de la foi en echange des biens qu'ils trafiquaient.
M. Faillon a trouve aussi dans les registres de Dieppe qu'il y avait
beaucoup de Le Moyne en cette ville.
Il a compte jusqu'a quatorze chefs de famille de ce nom au commencement
du XVIIe siecle, parmi lesquels un capitaine du roi, un procureur, un
lieutenant general en l'amiraute de France. "Nous n'osons affirmer, dit
M. Faillon, que Pierre fut parent de ces personnages, mais Charles Le
Moyne s'est rendu encore plus illustre qu'aucun de ses predecesseurs,
par ses qualites personnelles, par ses exploits et ceux de ses enfants."
Charles Le Moyne, ne en 1626, de Pierre Le Moyne et de Judith Dufresne,
sur la paroisse Sain
|