rse dans la montagne, et ils n'etaient rentres a l'hotel que
le soir tard. Le lendemain matin, au petit jour, mon colonel partait,
sans prevenir personne, sans meme me laisser un mot. Nous voila tous
bien inquiets. Le prince voulait qu'on fit des recherches dans la
montagne, craignant un accident; moi, j'en ai fait au chemin de fer,
et j'ai appris que mon colonel etait parti pour Geneve. Les jours
s'ecoulerent, il ne revint pas; il n'ecrivait pas, ni au prince, ni a
moi.
--Ou etait-il?
--J'ai su plus tard qu'il avait ete en Italie, aux environs de Florence
et de Rome; puis, de l'Italie, il etait revenu a Paris. Ce fut de Paris
qu'il m'ecrivit et m'envoya trois lettres: une pour le prince, une pour
madame la comtesse Belmonte; une pour mademoiselle Carmelita. Dans ses
lettres, il parait qu'il demandait mademoiselle Carmelita en mariage.
Est-ce assez bizarre?
Mais la marquise ne trouvait pas cette conduite bizarre; au contraire,
elle s'expliquait comme les choses s'etaient passees, depuis l'arrivee
de Carmelita au Glion jusqu'au depart du colonel, et son experience
feminine suppleait aux lacunes qui se trouvaient dans le recit d'Horace.
La chance lui avait ete favorable en ne lui permettant pas d'entrer par
la petite porte.
A ce moment, une voiture roula sur le sable de la cour et s'arreta
devant le perron.
--Mon colonel, dit Horace en voulant descendre.
Mais la marquise le retint.
VIII
Tout a coup une porte claqua dans la chambre, le colonel etait rentre.
Sans parler, madame de Lucilliere fit un signe a Horace, et celui-ci
sortit aussitot, ouvrant et refermant la porte avec precaution.
Madame de Lucilliere ramena son voile sur son visage et, s'etant
enveloppee dans son manteau, elle attendit debout, les yeux fixes sur la
porte de la chambre.
Mais les minutes s'ecoulerent, sans que le colonel parut et meme sans
qu'on entendit aucun bruit.
Doucement et marchant sur la pointe des pieds elle s'avanca vers la
porte de la chambre. Un des battants etait ouvert, mais une tapisserie
fermait le passage et empechait de voir ce qui se passait dans la
chambre.
Assis dans un fauteuil, le colonel se tenait la tete appuyee dans sa
main gauche, comme un homme qui reflechit.
Elle ecarta la portiere et entra.
Le bruit de l'etoffe et le bruissement de la robe de la marquise
frapperent le colonel, qui releva lentement la tete et regarda
machinalement du cote d'ou venaient ces bruits.
A la vue de c
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