saisis pour en etre fait
le rapport sous trois jours; que la force armee est en requisition
permanente; que les autorites constituees rendront compte a la convention
des moyens pris pour assurer la tranquillite publique; que les complots
denonces seront poursuivis, et qu'une proclamation sera faite pour donner
a la France une juste idee de cette journee, que les malveillans
chercheront sans doute a defigurer.
Il etait dix heures du soir, et deja les jacobins, la commune, se
plaignaient de ce que la journee s'ecoulait sans produire de resultat. Ce
decret rendu, quoiqu'il ne decide encore rien quant a la personne des
girondins, est un premier succes dont on se rejouit, et dont on force la
convention opprimee a se rejouir aussi. La commune ordonne aussitot
d'illuminer la ville entiere; on fait une promenade civique aux flambeaux;
les sections marchent confondues, celle du faubourg Saint-Antoine avec
celles de la Butte-des-Moulins et du Mail. Des deputes de la Montagne et
le president sont obliges d'assister a ce cortege, et les vainqueurs
forcent les vaincus eux-memes a celebrer leur victoire.
Le caractere de la journee etait assez evident. Les insurges avaient
pretendu faire toutes choses avec des formes. Ils ne voulaient point
dissoudre la convention, mais en obtenir ce qu'ils exigeaient, en
paraissant lui conserver leur respect. Les faibles membres de la Plaine se
pretaient volontiers a ce mensonge, qui tendait a les faire regarder
encore comme libres, quoique en fait ils obeissent. On avait en effet
aboli la commission des douze, et renvoye l'examen de sa conduite a trois
jours, afin de ne pas avoir l'air de ceder. On n'avait pas attribue a la
convention la disposition de la force armee, mais on avait decide qu'il
lui serait rendu compte des mesures prises, pour lui conserver ainsi les
apparences de la souverainete. On ordonnait enfin une proclamation, pour
repeter officiellement que la convention n'avait pas peur, et qu'elle
etait parfaitement libre.
Le lendemain, Barrere fut charge de rediger la proclamation, et il
travestit les evenemens du 31 mai avec cette rare dexterite qui le faisait
toujours rechercher quand il s'agissait de fournir aux faibles un pretexte
honnete de ceder aux forts. Des mesures trop rigoureuses avaient excite,
disait-il, du mecontentement; le peuple s'etait leve avec energie, mais
avec calme, s'etait montre toute la journee couvert de ses armes, avait
proclame le respect des proprietes, a
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