uiche se releva, se tata; il n'etait point blesse.
Du moment ou il avait senti le cheval faiblir, il avait place ses
deux pistolets dans les fontes, de peur que la chute ne fit partir
un des deux coups et meme tous les deux, ce qui l'eut desarme
inutilement.
Une fois debout, il reprit ses pistolets dans ses fontes, et
s'avanca vers l'endroit ou, a la lueur de la flamme, il avait vu
apparaitre de Wardes. De Guiche s'etait, apres le premier coup,
rendu compte de la manoeuvre de son adversaire, qui etait on ne
peut plus simple.
Au lieu de courir sur de Guiche ou de rester a sa place a
l'attendre, de Wardes avait, pendant une quinzaine de pas a peu
pres, suivi le cercle d'ombre qui le derobait a la vue de son
adversaire, et, au moment ou celui-ci lui presentait le flanc dans
sa course, il l'avait tire de sa place, ajustant a l'aise, et
servi au lieu d'etre gene par le galop du cheval.
On a vu que, malgre l'obscurite, la premiere balle avait passe a
un pouce a peine de la tete de de Guiche.
De Wardes etait si sur de son coup, qu'il avait cru voir tomber
de Guiche. Son etonnement fut grand lorsque, au contraire le
cavalier demeura en selle.
Il se pressa pour tirer le second coup, fit un ecart de main et
tua le cheval.
C'etait une heureuse maladresse, si de Guiche demeurait engage
sous l'animal. Avant qu'il eut pu se degager, de Wardes
rechargeait son troisieme coup et tenait de Guiche a sa merci.
Mais, tout au contraire, de Guiche etait debout et avait trois
coups a tirer.
De Guiche comprit la position... Il s'agissait de gagner de Wardes
de vitesse. Il prit sa course, afin de le joindre avant qu'il eut
fini de recharger son pistolet.
De Wardes le voyait arriver comme une tempete. La balle etait
juste et resistait a la baguette. Mal charger etait s'exposer a
perdre un dernier coup. Bien charger etait perdre son temps, ou
plutot c'etait perdre la vie.
Il fit faire un ecart a son cheval.
De Guiche pivota sur lui-meme, et, au moment ou le cheval
retombait, le coup partit, enlevant le chapeau de de Wardes.
De Wardes comprit qu'il avait un instant a lui; il en profita pour
achever de charger son pistolet.
De Guiche, ne voyant pas tomber son adversaire, jeta le premier
pistolet devenu inutile, et marcha sur de Wardes en levant le
second.
Mais, au troisieme pas qu'il fit, de Wardes le prit tout marchant
et le coup partit.
Un rugissement de colere y repondit; le bras du comte se crispa et
s'ab
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