esire la paix de tout coeur; il sait
qu'il a affaire en vous a un brave et loyal adversaire, et, ne
pouvant vous voir, attendu que vous ne viendrez probablement point
a Paris, il m'a depeche vers vous.
-- C'est-a-dire vers l'abbe Bernier.
-- General, peu vous importe, si je m'engage a faire ratifier par
le premier consul ce que nous aurons arrete entre nous. Quelles
sont vos conditions pour la paix?
-- Oh! elles sont bien simples, colonel: que le premier consul
rende le trone a Sa Majeste Louis XVIII; qu'il devienne son
connetable, son lieutenant general, le chef de ses armees de terre
et de mer, et je deviens, moi, son premier soldat.
-- Le premier consul a deja repondu a cette demande.
-- Et voila pourquoi je suis decide a repondre moi-meme a cette
reponse.
-- Quand?
-- Cette nuit meme, si l'occasion s'en presente.
-- De quelle facon?
-- En reprenant les hostilites.
-- Mais vous savez que Chatillon, d'Autichamp et Suzannet ont
depose les armes?
--Ils sont chefs des Vendeens, et, au nom des Vendeens, ils
peuvent faire tout ce qu'ils veulent; je suis chef des Chouans,
et, au nom des Chouans, je ferai ce qui me conviendra.
-- Alors, c'est une guerre d'extermination a laquelle vous
condamnez ce malheureux pays, general?
-- C'est un martyre auquel je convoque des chretiens et des
royalistes.
-- Le general Brune est a Nantes avec les huit mille prisonniers
que les Anglais viennent de nous rendre, apres leurs defaites
d'Alkmaar et de Castricum.
-- C'est la derniere fois qu'ils auront eu cette chance; les bleus
nous ont donne cette mauvaise habitude de ne point faire de
prisonniers; quant au nombre de nos ennemis, nous ne nous en
soucions pas, c'est une affaire de detail.
-- Si le general Brune et ses huit mille prisonniers, joints aux
vingt mille soldats qu'il reprend des mains du general Hedouville,
ne suffisent point, le premier consul est decide a marcher contre
vous en personne, et avec cent mille hommes.
Cadoudal sourit.
-- Nous tacherons, dit-il, de lui prouver que nous sommes dignes
de le combattre.
-- Il incendiera vos villes.
-- Nous nous retirerons dans nos chaumieres.
-- Il brulera vos chaumieres.
-- Nous vivrons dans nos bois.
-- Vous reflechirez, general.
-- Faites-moi l'honneur de rester avec moi quarante-huit heures,
colonel, et vous verrez que mes reflexions sont faites.
-- J'ai bien envie d'accepter.
-- Seulement, colonel, ne me demandez pas pl
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