et le consacra, tout mouille, a la Vierge de la chapelle ou
fut beni son mariage. Oh! la charmante offrande! Il y avait encore a
sa couronne de la salutaire rosee, et plus d'un parmi le peuple,
aujourd'hui, vous racontera que cette couronne d'oranger offerte a
la sainte Vierge a decide du grand orage. Il grondait terrible et
fulgurant, lorsque Mariette et son mari monterent dans le chariot
de leur fermier, pour se rendre a leur maison des champs. Comme ils
longeaient la rue ou le general les avait precedes, Louise apparut,
tenant dans ses bras la petite Zemire et disant:
--Je ne veux pas separer ces trois etres, desormais inseparables. Adieu,
ma bonne Mariette, embrassez-moi; et vous, Monsieur le colonel, ayez
grand soin de Zemire et de ma soeur de lait.
La pluie, en cet adieu, tombait a verse, et Louise en toute hate rentra
dans la maison paternelle. Mariette et son mari firent un beau voyage
a travers ces plaines, par ces collines vivifiees et ranimees. L'echo
redisait, joyeux, le bruit de ce tonnerre heurtant le nuage et le
precipitant sur la maison a demi brulee. A chaque pas se relevait la
plante; on entendait dans le sillon le boeuf aspirer de ses naseaux la
fraicheur de ces belles ondees. L'oiseau chantait son cantique a la
Providence; au-devant de l'orage accouraient tete nue le laboureur, le
vigneron, le jardinier, rendant grace a la saison clemente, et la joie
universelle et l'orage allaient grandissant toujours. Le sol feconde
s'enivrait de la divine rosee; on entendait deja bruire entre ses rives
rajeunies le ruisseau tari si longtemps. La benediction de la-haut
s'unissait aux benedictions d'ici-bas.
Mariette et son mari, silencieux et charmes, s'enivraient de ce grand
miracle. Ils ne disaient rien, se disant tant de choses; ils avaient
oublie meme Zemire. Elle perdit toute patience, et fit un appel a ses
deux compagnons. Ils s'apercurent alors qu'elle portait, en guise de
collier, le bracelet favori de Mlle de Beaulieu.
Comme ils gravissaient la derniere montagne et qu'ils approchaient de
l'humble maison ou leur destinee allait s'accomplir, soudain un grand
corbeau, les ailes etendues, et partageant la joie universelle, entoura
de trois grands cercles le char rustique.
--Il m'a semble, disait Martin, reconnaitre un ancien ami, don Corbeau?
Le voila bien content d'echapper a l'amitie de MM. du 3e lanciers...
En effet, c'etait don Corbeau. Il chantait d'une voix rauque, a la
nature entiere, un ca
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