a la vie entiere de Louis
XIV. De meme qu'il disait: _L'Etat, c'est moi_, le maitre souverain de
tant de millions d'hommes aurait pu dire: Versailles, _c'est tout mon
regne_. Or, c'est justement ce grand regne et ce grand roi que nous
allons rechercher avec le zele et le respect de sujet fidele et
d'honnete historien.
Le palais de Versailles, dans son ensemble et dans ses moindres details,
obeissait a des regles tracees a l'avance, qu'il etait impossible de
franchir. Chaque homme ici present,--et chaque dame,--avait son droit et
son devoir.
Tous les pas etaient comptes; chaque place etait indiquee; il y avait
les grandes et les petites entrees, les privances, les capitaineries, la
domesticite, les _services_ et les _honneurs_.
Il ne fallait pas confondre le domestique et l'officier, les grandes
charges de la couronne avec les emplois militaires, la chambre avec le
cabinet, les grands appartements et les petits appartements, la grande
ecurie et la petite ecurie, les chiens du grand veneur avec les chiens
du cabinet. L'aumonerie avait ses lois et la chapelle avait les siennes.
Il y avait le conseil royal des finances et le conseil des depeches.
Le _tabouret_, le _carreau_, le _tapis_, le _fauteuil_, le _pliant_, la
_chaise longue_, representaient un chapitre a part. C'etait une grande
question de savoir si _Monsieur_, en reconduisant _Mademoiselle_ sa
fille, apres le mariage, irait a droite ou prendrait a gauche. Les
dames d'honneur et les demoiselles d'honneur n'avaient pas les memes
privileges. La question du carrosse! il fallait avoir fait certaines
preuves de noblesse pour monter dans les carrosses du roi. Il y avait
le _grand coucher_, le _petit coucher_, ou le roi faisait donner le
bougeoir a qui lui plaisait; le grand lever et le petit lever, et si le
roi se levait de mauvaise humeur, tant pis pour le capitaine des gardes
qui avait l'honneur d'ouvrir les rideaux.
La maison militaire du roi etait une grosse affaire. Brevet pour toute
chose: il y avait meme des _justaucorps a brevet_.
Mme la Dauphine, au commencement de chaque bal, nommait les cavaliers
qui devaient conduire les princesses. Le carrousel meme avait ses juges
du camp, ses chefs de quadrille et ses livrees designees: or et vert,
noir et or, orange et ponceau, tant de trompettes et de timbaliers, et
tant d'aubades.
Quand le doge arriva a Versailles, ou _ce qui l'etonna le plus, c'etait
de s'y voir_, le ceremonial etait regle a l'avance: i
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