ineville et Maurevert des l'instant ou il
les avait apercus. Au-dela de la porte Saint-Honore, il avait laisse
Angouleme et ses deux nouveaux laquais, qui l'attendirent en se
dissimulant derriere une masure. De loin, il avait assiste a la
discussion du muletier avec Maineville et Maurevert. Puis, il avait
vu ce dernier s'enfuir a toutes jambes, il avait entendu le coup de
pistolet, et, rampant parmi les hautes avoines, il avait pu se glisser
jusqu'a la haie pres de laquelle avait eu lieu l'entretien que nous
venons de rapporter. Alors, le chevalier se dirigea vers la masure ou il
avait laisse Charles.
--Voulez-vous, lui dit-il, jouer un mauvais tour a Mgr Guise? Retournez
a votre hotel, prenez-y des armes et munitions. Montez a cheval avec ces
deux dignes serviteurs, qui brulent du desir d'en decoudre! L'un d'eux,
continua le chevalier, me ramenera mon destrier. Je vous attendrai dans
le moulin que vous apercevez d'ici.
--Mais, de quoi s'agit-il?... demanda Charles.
--Je vous l'ai dit: de jouer un mauvais tour a Guise, et de lui porter
un de ces coups dont il ne se relevera pas.
Le petit duc n'en demanda pas davantage; il avait en Pardaillan une
confiance illimitee. Il partit aussitot.
Pardaillan, lui, s'engagea dans l'etroit sentier qui, une heure plus
tot, avait ete suivi par les trente mulets. A son grand etonnement,
le sentier etait libre. Il put parvenir sur le plateau sans avoir ete
arrete par aucune des sentinelles qu'il s'etait attendu a rencontrer.
"Est-ce que les mulets portaient vraiment de l'orge? songea-t-il. Est-ce
que toute cette histoire de sommes d'argent au fond des sacs ne serait
qu'une chimere?..."
Les abords du moulin ne semblaient rien annoncer d'extraordinaire. II
entra dans le logis du meunier, dont la porte etait ouverte.
"Decidement, Maurevert a reve", grommela-t-il en frappant du pommeau de
sa rapiere sur une table.
A cet appel, une servante apparut, et, d'un air etonne, s'enquit de ce
que desirait ce visiteur arme de pied en cap, et tel que le moulin n'en
avait jamais du voir.
--Ma mignonne, dit Pardaillan, je voudrais parler a votre maitre pour
une affaire de farine, une affaire d'or...
--Ah! ah! fit un homme qui entrait a ce moment, une affaire d'or,
dites-vous, mon gentilhomme?
Et le maitre meunier fixa sur Pardaillan un regard vif et percant.
"Je veux simplement vous acheter quelques sacs de ble, mais en vous les
payant dix fois le prix habituel. Et notez qu'i
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