m'en remettrais, mes braves amis, au courage de
vous tous et a ma fortune.
Je vous invite, representans du peuple, a vous former en comite general,
et a y prendre des mesures salutaires que l'urgence des dangers commande
imperieusement. Vous trouverez toujours mon bras pour faire executer vos
resolutions.
(Le president invite le general, au nom du conseil, a devoiler dans
toute son etendue le complot dont la republique etait menacee.)
_Bonaparte._ J'ai eu l'honneur de dire au Conseil que la constitution ne
pouvait sauver la patrie, et qu'il fallait arriver a un ordre de chose
tel que nous puissions la retirer de l'abime ou elle se trouve. La
premiere partie de ce que je viens de vous repeter, m'a ete dite par les
deux membres du directoire que je vous ai nommes, et qui ne seraient
pas plus coupables qu'un tres-grand nombre d'autres Francais, s'ils
n'eussent fait qu'articuler une chose qui est connue de la France
entiere. Puisqu'il est reconnu que la constitution ne peut pas sauver
la republique, hatez-vous donc de prendre des moyens pour la retirer
du danger, si vous ne voulez pas recevoir de sanglans et d'eternels
reproches du peuple francais, de vos familles et de vous-memes.
(Le general se retire sans vouloir s'expliquer davantage.)
Paris, 19 brumaire an 8, a onze heures du soir (10 novembre 1799).
_Proclamation du general Bonaparte au peuple francais._
A mon retour a Paris, j'ai trouve la division dans toutes les autorites,
et l'accord etabli sur cette seule verite, que la constitution, etait a
moitie detruite, et ne pouvait sauver la liberte.
Tous les partis sont venus a moi, tous m'ont confie leurs desseins,
devoile leurs secrets, et ont demande mon appui; j'ai refuse d'etre
l'homme d'un parti.
Le Conseil des Anciens m'a appele; j'ai repondu a son appel. Un plan de
restauration generale avait ete concerte par des hommes en qui la nation
est accoutumee a voir des defenseurs de la liberte, de l'egalite, de la
propriete: ce plan demandait un examen calme, libre, exempt de toute
influence et de toute crainte. En consequence le Conseil des Anciens a
resolu la translation du corps-legislatif a Saint-Cloud; il m'a charge
de la disposition de la force necessaire a son independance. J'ai cru
devoir a mes concitoyens, aux soldats perissant dans nos armees, a
la gloire nationale acquise au prix de leur sang, d'accepter le
commandement.
Les Conseils se rassemblent a Saint-Cloud; les troupes republi
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