aire an 10 (8 novembre 1801).
_Aux habitans de Saint-Domingue._
Quelles que soient votre origine et votre couleur, vous etes tous
Francais, vous etes tous libres, et tous egaux devant Dieu et devant la
republique.
La France a ete, comme Saint-Domingue, en proie aux factions et dechiree
par la guerre civile et par la guerre etrangere. Mais tout a change;
tous les peuples ont embrasse les Francais et leur ont jure la paix et
l'amitie. Tous les Francais se sont embrasses aussi et ont jure d'etre
tous des amis et des freres. Venez aussi embrasser les Francais et vous
rejouir de revoir vos amis et vos freres d'Europe.
Le gouvernement vous envoie le capitaine-general Leclerc; il amene avec
lui de grandes forces pour vous proteger contre vos ennemis et contre
les ennemie de la republique. Si l'on vous dit: _Cet forces sont
destinees a vous ravir votre liberte;_ repondez: _La republique ne
souffrira pas qu'elle nous soit enlevee._ Ralliez-Vous autour du
capitaine-general, il vous rapporte l'abondance et la paix; ralliez-vous
tous autour de lui. Qui osera se separer du capitaine-general, sera un
traitre a la patrie, et la colere de la republique le devorera, comme le
feu devore vos cannes dessechees.
_Le premier consul,_ BONAPARTE.
Paris, le 17 brumaire an 10 (8 novembre 1801).
_Au citoyen Toussaint-Louverture, general en chef de l'armee de
Saint-Domingue._
Citoyen general,
La paix avec l'Angleterre et toutes les puissantes de l'Europe qui vient
d'asseoir la republique au premier degre de puissance et de grandeur,
met le gouvernement a meme de s'occuper de la colonie de Saint-Domingue.
Nous y envoyons le citoyen Leclerc, notre beau-frere, en qualite de
capitaine-general, comme premier magistrat de la colonie. Il est
accompagne de forces convenables pour faire respecter la souverainete du
peuple francais. C'est dans ces circonstances que nous nous plaisons
a esperer que vous allez nous prouver, et a la France entiere, la
sincerite des sentimens que vous avez constamment exprimes dans les
differentes lettres que vous nous ayez ecrites. Nous avons concu pour
vous de l'estime, et nous nous plaisons a reconnaitre et a proclamer les
grands services que vous avez rendus au peuple francais. Si son pavillon
flotte sur Saint-Domingue, c'est a vous et aux braves Noirs qu'il le
doit. Appele par vos talens et la force des circonstances au premier
commandement, vous avez detruit la guerre civile, mis un frein a la
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