ersecution de quelques hommes feroces, remis en honneur la religion et
le culte du Dieu de qui tout emane. La constitution que vous avez faite,
en renfermant beaucoup de bonnes choses, en contient qui sont
contraires a la dignite et a la souverainete du peuple francais, dont
Saint-Domingue ne forme qu'une portion.
Les circonstances ou vous vous etes trouve, environne de tous cotes
d'ennemis, sans que la metropole puisse ni vous secourir, ni vous
alimenter, ont rendu legitimes les articles de cette constitution qui
pourraient ne plus l'etre. Mais aujourd'hui que les circonstances sont
si heureusement changees, vous serez le premier a rendre hommage a
la souverainete de la nation qui vous compte au nombre de ses plus
illustres citoyens, par les services que vous lui avez rendus et par les
talens et la force de caractere dont la nature vous a doue. Une conduite
contraire serait inconciliable avec l'idee que nous avons concue de
vous. Elle vous ferait perdre vos droits nombreux a la reconnaissance et
aux bienfaits de la republique; et creuserait sous vos pas un precipice
qui, en vous engloutissant, pourrait contribuer au malheur de ces braves
noirs dont nous aimons le courage, et dont nous nous verrions avec peine
obliges de punir la rebellion.
Nous avons fait connaitre a vos enfans et a leur precepteur les
sentimens qui nous animent[30]. Nous vous les renvoyons.
Assistez de vos conseils, de votre influence et de vos talens le
capitaine-general. Que pourrez-vous desire, la liberte des Noirs? Vous
savez que dans tous les pays ou noua avons ete, nous l'avons donnee aux
peuples qui ne l'avaient pas. De la consideration, des honneurs, de la
fortune? Ce n'est pas apres les services que vons avez rendus, que
vous pouvez rendre encore dans cette circonstance, avec les sentimens
particuliers que nous avons pour vous, que vous devez etre incertain sur
votre consideration, votre fortune et les honneurs qui vous attendent.
Faites connaitre aux peuples de Saint-Domingue que la sollicitude que la
France a toujours portee a leur bonheur a ete souvent impuissante par
les circonstances imperieuses de la guerre; que les hommes venus du
continent pour l'agiter et alimenter les factions, etaient le produit
des factions, qui elles-memes dechiraient la patrie; que desormais
la paix et la force du gouvernement assurent leur prosperite et leur
liberte. Dites-leur que si la liberte est pour eux le premier des biens,
ils ne peuvent en jouir
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