10 (7 mai 1802).
_Reponse du premier consul a une deputation du tribunal[40]._
Le gouvernement est vivement touche des sentimens que vous manifestez au
nom du tribunat.
Cette justice que vous rendez a ses operations est le prix le plus doux
de ses efforts. Il y reconnait le resultat de ces communications plus
intimes qui vous mettent en etat de mieux apprecier la purete de ses
vues et de ses pensees.
Pour moi je recois avec la plus sensible reconnaissance le voeu emis par
le tribunat.
Je ne desire d'autre gloire que celle d'avoir rempli toute entiere
la tache qui m'est imposee. Je n'ambitionne d'autre recompense que
l'affection de mes concitoyens; heureux s'ils sont bien convaincus que
tous les maux qu'ils pourraient eprouver seraient toujours pour moi les
maux les plus sensibles; que la vie ne m'est chere que par les services
que je puis rendre a la patrie; que la mort meme n'aura point d'amertume
pour moi, si mes derniers regards peuvent voir le bonheur de la
republique aussi assure que sa gloire.
_Le premier consul_, BONAPARTE.
[Footnote 40: Envoyee pour le feliciter sur la paix d'Amiens, et lui
annoncer que le tribunat avait emis le voeu qu'il fut donne au general
Bonaparte un gage eclatant de la reconnaissance nationale.]
Paris, le 19 floreal an 10 (9 mai 1802).
_Au senat conservateur[41]._
Senateurs,
La preuve honorable d'estime consignee dans votre deliberation du 18,
sera toujours gravee dans mon coeur.
Le suffrage du peuple m'a investi de la supreme magistrature. Je ne
me croirais pas assure de sa confiance, si l'acte qui m'y retiendrait
n'etait encore sanctionne par son suffrage.
Dans les trois annees qui viennent de s'ecouler, la fortune a souri a la
republique; mais la fortune est inconstante, et combien d'hommes qu'elle
avait combles de ses faveurs, ont vecu trop de quelques annees[42].
L'interet de ma gloire et celui de mon bonheur sembleraient avoir
marque le terme de ma vie publique, au moment ou la paix du monde est
proclamee.
Mais la gloire et le bonheur du citoyen doivent se taire, quand
l'interet de l'etat et la bienveillance publique l'appellent.
Vous jugez que je dois au peuple un nouveau sacrifice; je le ferai si le
voeu du peuple me commande ce que votre suffrage autorise.
BONAPARTE.
[Footnote 41: Le senat venait de rendre un senatus-consulte portant
reelection de Bonaparte au consulat pour dix annees a ajouter aux
dix annees qui lui etaient deja d
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