les factions dont on les fit membres, pour leur permettre
d'etre francais. Il est temps enfin que l'on rende aux defenseurs de
la patrie la confiance a laquelle ils ont tant de droits. A entendre
quelques factieux, bientot nous serions tous les ennemis de la
republique, nous qui l'avons affermie par nos travaux et notre courage.
Nous ne voulons pas de gens plus patriotes que les braves qui sont
mutiles au service de la republique.
(Le Conseil des Anciens s'assembla le 19 brumaire a deux heures, dans la
grande galerie du chateau de Saint-Cloud. A quatre heures, le general
Bonaparte fut introduit, et ayant recu du president le droit de parler,
il s'exprima ainsi:)
Representans du peuple, vous n'etes point dans des circonstances
ordinaires; vous etes sur un volcan. Permettez-moi de vous parler avec
la franchise d'un soldat, avec celle d'un citoyen zele pour le bien de
son pays, et suspendez, je vous en prie, votre jugement jusqu'a ce que
vous m'ayez entendu jusqu'a la fin.
J'etais tranquille a Paris, lorsque je recus le decret du Conseil des
Anciens, qui me parla de ses dangers, de ceux de la republique. A
l'instant j'appelai, je retrouvai mes freres d'armes, et nous vinmes
vous donner notre appui; nous vinmes vous offrir les bras de la
nation, parce que vous en etiez la tete. Nos intentions furent pures,
desinteressees; et pour prix du devouement que nous avons montre hier,
aujourd'hui deja on nous abreuve de calomnies. On parle d'un nouveau
Cesar, d'un nouveau Cromwell; on repand que je veux etablir un
gouvernement militaire.
Representans du peuple, si j'avais voulu opprimer la liberte de mon
pays; si j'avais voulu usurper l'autorite supreme, je ne me serais pas
rendu aux ordres que vous m'avez donnes, je n'aurais pas eu besoin
de recevoir cette autorite du senat. Plus d'une fois, et dans des
circonstances tres-favorables, j'ai ete appele a la prendre. Apres nos
triomphes en Italie, j'y ai ete appele par le voeu de mes camarades, par
celui de ces soldats qu'on a tant maltraites, depuis qu'ils ne sont plus
sous mes ordres, de ces soldats qui sont obliges, encore aujourd'hui,
d'aller faire dans les deserts de l'Ouest, une guerre horrible que la
sagesse et le retour aux principes avaient calmee, et que l'ineptie ou
la trahison viennent de rallumer.
Je vous le jure, representans du peuple, la patrie n'a pas de plus zele
defenseur que moi; je me devoue tout entier pour faire executer vos
ordres; mais c'est sur vou
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