itables dispositions musicales que je
pressens en vous, si vous ne perdez pas la tete au milieu des premieres
bourrasques, et que vous reussissiez a lui montrer de l'intelligence et de
la rapidite de jugement, au bout de trois ou quatre lecons, je vous promets
qu'il sera pour vous le plus doux et le plus consciencieux des maitres.
Peut-etre meme, si votre coeur repond, comme je le crois, a votre
esprit, Porpora deviendra pour vous un ami solide, un pere equitable et
bienfaisant.
--Oh! vous me comblez de joie. Je vois bien que vous le connaissez,
et vous devez aussi connaitre sa fameuse eleve, la nouvelle comtesse
de Rudolstadt ... la Porporina....
--Mais ou avez-vous donc entendu parler de cette Porporina, et
qu'attendez-vous d'elle?
--J'attends d'elle une lettre pour le Porpora, et sa protection active
aupres de lui, quand elle viendra a Vienne; car elle va y venir sans doute
apres son mariage avec le riche seigneur de Riesenburg.
--D'ou savez-vous ce mariage?
--Par le plus grand hasard du monde. Il faut vous dire que, le mois
dernier, mon ami Keller apprit qu'un parent qu'il avait a Pilsen venait de
mourir, lui laissant un peu de bien. Keller n'avait ni le temps ni le moyen
de faire le voyage, et n'osait s'y determiner, dans la crainte que la
succession ne valut pas les frais de son deplacement et la perte de son
temps. Je venais de recevoir quelque argent de mon travail. Je lui ai
offert de faire le voyage, et de prendre en main ses interets. J'ai
donc ete a Pilsen; et, dans une semaine que j'y ai passee, j'ai eu la
satisfaction de voir realiser l'heritage de Keller. C'est peu de chose sans
doute, mais ce peu n'est pas a dedaigner pour lui; et je lui rapporte les
titres d'une petite propriete qu'il pourra faire vendre ou exploiter selon
qu'il le jugera a propos. En revenant de Pilsen, je me suis trouve hier
soir dans un endroit qu'on appelle Klatau, et ou j'ai passe la nuit. Il y
avait eu un marche dans la journee, et l'auberge etait pleine de monde.
J'etais assis aupres d'une table ou mangeait un gros homme, qu'on traitait
de docteur Wetzelius, et qui est bien le plus grand gourmand et le plus
grand bavard que j'aie jamais rencontre. "Savez-vous la nouvelle? disait-il
a ses voisins: le comte Albert de Rudolstadt, celui qui est fou, archi-fou,
et quasi enrage, epouse la maitresse de musique de sa cousine, une
aventuriere, une mendiante, qui a ete, dit-on, comedienne en Italie, et qui
s'est fait enlever par
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