n pas aussi bien protege dans ses Etats?...
--Eh! sans doute, repondit Mayer; mais vous ne savez pas que Sa Majeste
Marie-Therese deteste la musique, les vagabonds encore plus, et que vous
Serez chasses de Vienne, si vous y paraissez dans les rues en troubadours,
comme vous voila."
En ce moment, Consuelo revit, a peu de distance, dans une profondeur
De terrains sombres, au-dessous du chemin, les lumieres qu'elle avait
apercues, et fit part de son observation a Joseph, qui sur-le-champ
manifesta a M. Mayer le desir de descendre, pour gagner ce gite plus
rapproche que la ville de Biberek."
"Cela? repondit M. Mayer; vous prenez cela pour des lumieres? Ce sont des
lumieres, en effet; mais elles n'eclairent d'autres gites que des marais
dangereux ou bien des voyageurs se sont perdus et engloutis. Avez-vous
jamais vu des feux follets?
--Beaucoup sur les lagunes de Venise, dit Consuelo, et souvent sur les
petits lacs de la Boheme.
--Eh bien, mes enfants, ces lumieres que vous voyez ne sont pas autre
chose.
M. Mayer reparla longtemps encore a nos jeunes gens de la necessite de se
fixer, et du peu de ressources qu'ils trouveraient a Vienne, sans toutefois
determiner le lieu ou il les engageait a se rendre. D'abord Joseph fut
frappe de son obstination, et craignit qu'il n'eut decouvert le sexe de sa
compagne; mais la bonne foi avec laquelle il lui parlait comme a un garcon
(allant jusqu'a lui dire qu'elle ferait mieux d'embrasser l'etat militaire,
quand elle serait en age, que de trainer la semelle a travers champs) le
rassura sur ce point, et il se persuada que le bon Mayer etait un de ces
cerveaux faibles, a idees fixes, qui repetent un jour entier le premier
propos qui leur est venu a l'esprit en s'eveillant. Consuelo, de son cote,
le prit pour un maitre d'ecole, ou pour un ministre protestant qui n'avait
en tete qu'educations, bonnes moeurs et proselytisme.
Au bout d'une heure, ils arriverent a Biberek, par une nuit si obscure
qu'ils ne distinguaient absolument rien. La chaise s'arreta dans une cour
d'auberge, et aussitot M. Mayer fut aborde par deux hommes qui le tirerent
a part pour lui parler. Lorsqu'ils entrerent dans la cuisine, ou Consuelo
et Joseph etaient occupes a se secher et a se rechauffer aupres du feu,
Joseph reconnut dans ces deux personnages, les memes qui s'etaient separes
de M. Mayer au passage de la Moldaw, lorsque celui-ci l'avait traversee,
les laissant sur la rive gauche. L'un des deux etai
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