t que la lampe
se transformat en homme; il lui ferait passer un mauvais quart d'heure,
il se le promet. Mais, le moyen qu'une lampe se change en homme; ce
n'est pas naturel. Il ne se resigne pas, et va chercher, sur le parvis
de la miserable pagode, un caillou plat, a tranchant effile. Il le lance
en l'air avec force ... la chaine est coupee, par le milieu, comme
l'herbe par la faux, et l'instrument du culte tombe a terre, en
repandant son huile sur les dalles ... Il saisit la lampe pour la porter
dehors, mais elle resiste et grandit. Il lui semble voir des ailes sur
ses flancs, et la partie superieure revet la forme d'un buste d'ange. Le
tout veut s'elever en l'air pour prendre son essor; mais il le retient
d'une main ferme. Une lampe et un ange qui forment un meme corps, voila
ce que l'on ne voit pas souvent. Il reconnait la forme de la lampe; il
reconnait la forme de l'ange; mais, il ne peut pas les scinder dans son
esprit; en effet, dans la realite, elles sont collees l'une dans
l'autre, et ne forment qu'un corps independant et libre; mais, lui croit
que quelque nuage a voile ses yeux, et lui a fait perdre un peu de
l'excellence de sa vue. Neanmoins, il se prepare a la lutte avec courage,
car son adversaire n'a pas peur. Les gens naifs racontent, a ceux qui
veulent les croire, que le portail sacre se referma de lui-meme, en
roulant sur ses gonds affliges, pour que personne ne put assister a cette
lutte impie, dont les peripeties allaient se derouler dans l'enceinte du
sanctuaire viole. L'homme au manteau, pendant qu'il recoit des blessures
cruelles avec un glaive invisible, s'efforce de rapprocher de sa bouche
la figure de l'ange; il ne pense qu'a cela, et tous ses efforts se portent
vers ce but. Celui-ci perd son energie, et parait pressentir sa destinee.
Il ne lutte plus que faiblement, et l'on voit le moment ou son adversaire
pourra l'embrasser a son aise, si c'est ce qu'il veut faire. Eh bien, le
moment est venu. Avec ses muscles, il etrangle la gorge de l'ange, qui ne
peut plus respirer, et lui renverse le visage, en l'appuyant sur sa
poitrine odieuse. Il est un instant touche du sort qui attend cet etre
celeste, dont il aurait volontiers fait son ami. Mais, il se dit que c'est
l'envoye du Seigneur, et il ne peut pas retenir son courroux. C'en est
fait; quelque chose d'horrible va rentrer dans la cage du temps! Il se
penche, et porte la langue, imbibee de salive, sur cette joue angelique,
qui jette des regards su
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