e ce simple
ideal, concu par mon imagination, surpassera, cependant, tout ce que la
poesie a trouve jusqu'ici de plus grandiose et de plus sacre. Car, si je
laisse mes vices transpirer dans ces pages, on ne croira que mieux aux
vertus que j'y fais resplendir, et dont je placerai l'aureole si haut
que les plus grands genies de l'avenir temoigneront, pour moi, une
sincere reconnaissance. Ainsi donc, l'hypocrisie sera chassee carrement
de ma demeure. Il y aura, dans mes chants, une preuve imposante de
puissance, pour mepriser ainsi les opinions recues. Il chante pour lui
seul, et non pas pour ses semblables. Il ne place pas la mesure de son
inspiration dans la balance humaine. Libre comme la tempete, il est venu
echouer, un jour, sur les plages indomptables de sa terrible volonte! Il
ne craint rien, si ce n'est lui-meme! Dans ses combats surnaturels, il
attaquera l'homme et le Createur, avec avantage, comme quand l'espadon
enfonce son epee dans le ventre de la baleine: qu'il soit maudit, par
ses enfants et par ma main decharnee, celui qui persiste a ne pas
comprendre les kanguroos implacables du rire et les poux audacieux de la
caricature!... Deux tours enormes s'apercevaient dans la vallee; je l'ai
dit au commencement. En les multipliant par deux, le produit etait quatre
... mais je ne distinguai pas tres bien la necessite de cette operation
d'arithmetique. Je continuai ma route, avec la fievre au visage, et je
m'ecriai sans cesse: "Non ... non ... je ne distingue pas tres bien la
necessite de cette operation d'arithmetique!" J'avais entendu des
craquements de chaines, et des gemissements douloureux. Que personne ne
trouve possible, quand il passera dans cet endroit, de multiplier les
tours par deux, afin que le produit soit quatre! Quelques-uns soupconnent
que j'aime l'humanite comme si j'etais sa propre mere, et que je l'eusse
portee, neuf mois, dans mes flancs parfumes; c'est pourquoi, je ne repasse
plus dans la vallee ou s'elevent les deux unites du multiplicande!
* * * * *
Une potence s'elevait sur le sol; a un metre de celui-ci, etait suspendu
par les cheveux un homme, dont les bras etaient attaches par derriere.
Ses jambes avaient ete laissees libres, pour accroitre ses tortures, et
lui faire desirer davantage n'importe quoi de contraire a l'enlacement
de ses bras. La peau du front etait tellement tendue par le poids de la
pendaison, que son visage, condamne par la circonstance a l'
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