it ete un oiseau entier jusqu'a la plante des
pieds, et non plus seulement jusqu'aux epaules, il ne m'aurait pas alors
ete si difficile de le reconnaitre: chose tres facile a faire, comme
vous allez le voir vous-meme. Seulement, cette fois, je m'en dispense;
pour la clarte de ma demonstration, j'aurais besoin qu'un de ces oiseaux
fut place sur ma table de travail, quand meme il ne serait qu'empaille.
Or, je ne suis pas assez riche pour m'en procurer. Suivant pas a pas une
hypothese anterieure, j'aurais de suite assigne sa veritable nature et
trouve une place, dans les cadres d'histoire naturelle, a celui dont
j'admirais la noblesse dans sa pose maladive. Avec quelle satisfaction
de n'etre pas tout a fait ignorant sur les secrets de son double
organisme, et quelle avidite d'en savoir davantage, je le contemplais
dans sa metamorphose durable! Quoiqu'il ne possedat pas un visage
humain, il me paraissait beau comme les deux longs filaments
tentaculiformes d'un insecte; ou plutot, comme une inhumation
precipitee; ou encore, comme la loi de la reconstitution des organes
mutiles; et surtout, comme un liquide eminemment putrescible! Mais, ne
pretant aucune attention a ce qui se passait aux alentours, l'etranger
regardait toujours devant lui, avec sa tete de pelican! Un autre jour,
je reprendrai la fin de cette histoire. Cependant, je continuerai ma
narration avec un morne empressement; car, si, de votre cote, il vous
tarde de savoir ou mon imagination veut en venir (plut au ciel qu'en
effet, ce ne fut la que de l'imagination!), du mien, j'ai pris la
resolution de terminer en une seule fois (et non en deux!) ce que
j'avais a vous dire, quoique cependant personne n'ait le droit de
m'accuser de manquer de courage. Mais, quand on se trouve en presence
de pareilles circonstances, plus d'un sent battre contre la paume de sa
main les pulsations de son coeur. Il vient de mourir, presque inconnu,
dans un petit port de Bretagne, un maitre caboteur, vieux marin, qui
fut le heros d'une terrible histoire. Il etait alors capitaine au long
cours, et voyageait pour un armateur de Saint-Malo. Or, apres une
absence de treize mois, il arriva au foyer conjugal, au moment ou sa
femme, encore alitee, venait de lui donner un heritier, a la
reconnaissance duquel il ne se reconnaissait aucun droit. Le capitaine
ne fit rien paraitre de sa surprise et de sa colere; il pria froidement
sa femme de s'habiller, et de l'accompagner a une promenade, sur les
rem
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