empare de moi?" cria l'un d'eux en abaissant lentement son bras.
"Ce chien pousse, comme un enfant, des gemissements de douleur, dit
un autre; on dirait qu'il comprend le sort qui l'attend." "C'est leur
habitude, repondit un troisieme; meme quand il ne sont pas malades,
comme c'est le cas ici, il suffit que leur maitre reste quelques jours
absent du logis, pour qu'ils se mettent a faire entendre des hurlements
qui, veritablement, sont penibles a supporter." "Arretez!... arretez!...
cria le quatrieme, avant que tous les bras se fussent leves en cadence
pour frapper resolument, cette fois, sur le sac. Arretez, vous dis-je;
il y a ici un fait qui nous echappe. Qui vous dit que cette toile
renferme un chien? Je veux m'en assurer." Alors, malgre les railleries
de ses compagnons, il denoua le paquet et en retira l'un apres l'autre
les membres de Mervyn! Il etait presque etouffe par la gene de cette
position. Il s'evanouit en revoyant la lumiere. Quelques moments apres,
il donna des signes indubitables d'existence. Le sauveur dit: "Apprenez,
une autre fois, a mettre de la prudence jusque dans votre metier. Vous
avez failli remarquer, par vous-memes, qu'il ne sert de rien de
pratiquer l'inobservance de cette loi." Les bouchers s'enfuirent.
Mervyn, le coeur serre et plein de pressentiments funestes, rentre chez
soi et s'enferme dans sa chambre. Ai-je besoin d'insister sur cette
strophe? Eh! qui n'en deplorera les evenements consommes! Attendons la
fin pour porter un jugement encore plus severe. Le denoument va se
precipiter; et, dans ces sortes de recits, ou une passion, de quelque
genre qu'elle soit, etant donnee, celle-ci ne craint aucun obstacle pour
se frayer un passage, il n'y a pas lieu de delayer dans un godet la
gomme laque de quatre cents pages banales. Ce qui peut etre dit dans une
demi-douzaine de strophes, il faut le dire, et puis se taire.
VIII
Pour construire mecaniquement la cervelle d'un conte somnifere, il ne
suffit pas de dissequer des betises et abrutir puissamment a doses
renouvelees l'intelligence du lecteur, de maniere a rendre ses facultes
paralytiques pour le reste de sa vie, par la loi infaillible de la
fatigue; il faut, en outre, avec du bon fluide magnetique, le mettre
ingenieusement dans l'impossibilite somnambulique de se mouvoir, en le
forcant a obscurcir ses yeux contre son naturel par la fixite des
votres. Je veux dire, afin de ne pas me faire mieux comprendre, mais
seulement pour devel
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