se d'attaquer l'homme et Celui qui le crea. Pour le moment et
pour plus tard, vous n'avez pas besoin d'en savoir davantage! Des
considerations, nouvelles me paraissent superflues, car elles ne
feraient que repeter, sous une autre forme, plus ample, il est vrai,
mais identique, l'enonce de la these dont la fin de ce jour verra le
premier developpement. Il resulte, des observations qui precedent, que
mon intention est d'entreprendre, desormais, la partie analytique; cela
est si vrai qu'il n'y a que quelques minutes seulement, que j'exprimai
le voeu ardent que vous fussiez emprisonne dans les glandes sudoripares
de ma peau, pour verifier la loyaute de ce que j'affirme, en
connaissance de cause. Il faut, je le sais, etayer d'un grand nombre de
preuves l'argumentation qui se trouve comprise dans mon theoreme; eh
bien, ces preuves existent, et vous savez que je n'attaque personne,
sans avoir des motifs serieux! Je ris a gorge deployee, quand je songe
que vous me reprochez de repandre d'ameres accusations contre
l'humanite, dont je suis un des membres (cette seule remarque me
donnerait raison!) et contre la Providence: je ne retracterai pas mes
paroles; mais, racontant ce que j'aurai vu, il ne me sera pas difficile,
sans autre ambition que la verite, de les justifier. Aujourd'hui, je
vais fabriquer un petit roman de trente pages; cette mesure restera dans
la suite a peu pres stationnaire. Esperant voir promptement, un jour ou
l'autre, la consecration de mes theories acceptee par telle ou telle
forme litteraire, je crois avoir enfin trouve, apres quelques
tatonnements, ma formule definitive. C'est la meilleure: puisque c'est
le roman! Cette preface hybride a ete exposee d'une maniere qui ne
paraitra peut-etre pas assez naturelle, en ce sens qu'elle surprend,
pour ainsi dire, le lecteur, qui ne voit pas tres bien ou l'on veut
d'abord le conduire; mais, ce sentiment de remarquable stupefaction,
auquel on doit generalement chercher a soustraire ceux qui passent leur
temps a lire des livres ou des brochures, j'ai fait tous mes efforts
pour le produire. En effet, il m'etait impossible de faire moins, malgre
ma bonne volonte: ce n'est que plus tard, lorsque quelques romans auront
paru, que vous comprendrez mieux la preface du renegat, a la figure
fuligineuse.
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Avant d'entrer en matiere, je trouve stupide qu'il soit necessaire (je
pense que chacun ne sera pas de mon avis, si je me trompe) que
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