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le jour de la crise; il n'etait deja que trop porte aux idees absurdes; aujourd'hui il revasse encore plus de coutume. Mais enfin, je n'etais pas comme cela, moi, lorsque j'avais son age. Fais semblant de ne t'apercevoir de rien. C'est ici qu'un remede efficace, materiel ou moral, trouverait aisement son emploi. Mervyn, toi qui goutes la lecture des livres de voyages et d'histoire naturelle, je vais te lire un recit qui ne te deplaira pas. Qu'on m'ecoute avec attention; chacun y trouvera son profit, moi, le premier. Et vous autres, enfants, apprenez, par l'attention que vous saurez preter a mes paroles, a perfectionner le dessin de votre style, et a vous rendre compte des moindres intentions d'un auteur." Comme si cette nichee d'adorables moutards aurait pu comprendre ce que c'etait que la rhetorique! Il dit, et, sur un geste de sa main, un des freres se dirige vers la bibliotheque paternelle, et en revient avec un volume sous le bras. Pendant ce temps, le couvert et l'argenterie sont enleves, et le pere prend le livre. A ce nom electrisant de voyages, Mervyn a releve la tete, et s'est efforce de mettre un terme a ses meditations hors de propos. Le livre est ouvert vers le milieu, et la voix metallique du commodore prouve qu'il est reste capable, comme dans les jours de sa glorieuse jeunesse, de commander a la fureur des hommes et des tempetes. Bien avant la fin de la lecture, Mervyn est retombe sur son coude, dans l'impossibilite de suivre plus longtemps le raisonne developpement des phrases passees a la filiere et la saponification des obligatoires metaphores. Le pere s'ecrie: "Ce n'est pas cela qui l'interesse: lisons autre chose. Lis, femme; tu seras plus heureuse que moi, pour chasser le chagrin des jours de notre fils." La mere ne conserve plus d'espoir; cependant, elle s'est emparee d'un autre livre, et le timbre de sa voix de soprano retentit melodieusement aux oreilles du produit de sa conception. Mais, apres quelques paroles, le decouragement l'envahit, et elle cesse d'elle-meme l'interpretation de l'oeuvre litteraire. Le premier-ne s'ecrie: "Je vais me coucher." Il se retire, les yeux baisses avec une fixite froide, et sans rien ajouter. Le chien se met a pousser un lugubre aboiement, car il ne trouve pas cette conduite naturelle, et le vent du dehors, s'engouffrant inegalement dans la fissure longitudinale de la fenetre, fait vaciller la flamme rabattue par deux coupoles de cristal rose, de la lampe de bronze
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