and mouvement n'est point un exercice de chasse, ni
poursuite de proie, ni meme de decouverte; car, il ne chasse pas; mais,
il semble que le vol soit son etat naturel, sa favorite situation. L'on
ne peut s'empecher d'admirer la maniere dont il l'execute. Ses ailes
longues et etroites paraissent immobiles; c'est la queue qui croit
diriger toutes les evolutions, et la queue ne se trompe pas: elle agit
sans cesse. Il s'eleve sans effort; il s'abaisse comme s'il glissait sur
un plan incline; il semble plutot nager que voler; il precipite sa
course, il la ralentit, s'arrete, et reste comme suspendu ou fixe a la
meme place, pendant des heures entieres. L'on ne peut s'apercevoir
d'aucun mouvement dans ses ailes: vous ouvririez les yeux comme la porte
d'un four, que ce serait d'autant inutile. Chacun a le bon sens de
confesser sans difficulte (quoique avec un peu de mauvaise grace) qu'il
ne s'apercoit pas, au premier abord, du rapport, si lointain qu'il soit,
que je signale entre la beaute du vol du milan royal, et celle de la
figure de l'enfant, s'elevant doucement, au-dessus du cercueil
decouvert, comme un nenuphar qui perce la surface des eaux; et voila
precisement en quoi consiste l'impardonnable faute qu'entraine
l'inamovible situation d'un manque de repentir, touchant l'ignorance
volontaire dans laquelle on croupit. Ce rapport de calme majeste entre
les deux termes de ma narquoise comparaison n'est deja que trop commun,
et d'un symbole assez comprehensible, pour que je m'etonne davantage de
ce qui ne peut avoir, comme seule excuse, que ce meme caractere de
vulgarite qui fait appeler, sur tout objet ou spectacle qui en est
atteint, un profond sentiment d'indifference injuste. Comme si ce qui se
voit quotidiennement n'en devrait pas moins reveiller l'attention de
notre admiration! Arrive a l'entree du cimetiere, le cortege s'empresse
de s'arreter; son intention n'est pas d'aller plus loin. Le fossoyeur
acheve le creusement de la fosse; l'on y depose le cercueil avec toutes
les precautions prises en pareil cas; quelques pelletees de terre
inattendues viennent recouvrir le corps de l'enfant. Le pretre des
religions, au milieu de l'assistance emue, prononce quelques paroles
pour bien enterrer le mort, davantage, dans l'imagination des
assistants. "Il dit qu'il s'etonne beaucoup de ce que l'on verse ainsi
tant de pleurs, pour un acte d'une telle insignifiance. Textuel. Mais il
craint de ne pas qualifier suffisamment ce qu'il pret
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