saume, la deuxieme repondit: "Tu ne
veux donc pas mourir, o mon gracieux fils? Dis-moi donc comment tu as
fait (surement c'est par quelque malefice) pour epouvanter les vautours?
En effet, ta carcasse est devenue si maigre! Le zephyr la balance comme
une lanterne." Chacune prit un pinceau et goudronna le corps du pendu
... chacune prit un fouet et leva les bras ... J'admirais (il etait
absolument impossible de ne pas faire comme moi) avec quelle exactitude
energique les lames de metal, au lieu de glisser a la surface, comme
quand on se bat contre un negre et qu'on fait des efforts inutiles,
propres au cauchemar, pour l'empoigner aux cheveux, s'appliquaient,
grace au goudron, jusqu'a l'interieur des chairs, marquees par des
sillons aussi creux que l'empechement des os pouvait raisonnablement le
permettre. Je me suis preserve de la tentation de trouver de la volupte
dans ce spectacle excessivement curieux, mais moins profondement comique
qu'on n'etait en droit de l'attendre. Et, cependant, malgre les bonnes
resolutions prises d'avance, comment ne pas reconnaitre la force de ces
femmes, les muscles de leur bras? Leur adresse, qui consistait a frapper
sur les parties les plus sensibles, comme le visage et le bas-ventre, ne
sera mentionnee par moi, que si j'aspire a l'ambition de raconter la
totale verite! A moins que, appliquant mes levres, l'une contre l'autre,
surtout dans la direction horizontale (mais, chacun n'ignore pas que
c'est la maniere la plus ordinaire d'engendrer cette pression), je ne
prefere garder un silence gonfle de larmes et de mysteres, dont la
manifestation penible sera impuissante a cacher, non seulement aussi
bien mais encore mieux que mes paroles (car, je ne crois pas me tromper,
quoiqu'il ne faille pas certainement nier en principe, sous peine de
manquer aux regles les plus elementaires de l'habilete, les possibilites
hypothetiques d'erreur) les resultats funestes occasionnes par la fureur
qui met en oeuvre les metacarpes secs et les articulations robustes;
quand meme on ne se mettrait pas au point de vue de l'observateur
impartial et du moraliste experimente (il est presque assez important
que j'apprenne que je n'admets pas, au moins entierement, cette
restriction plus ou moins fallacieuse), le doute, a cet egard, n'aurait
pas la faculte d'etendre ses racines; car, je ne le suppose pas, pour
l'instant, entre les mains d'une puissance surnaturelle, et perirait
immanquablement, pas subitement peut-etre
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