je recherche la bonte, excite par l'amour du bien. Mes
annees ne sont pas nombreuses, et, cependant, je sens deja que la bonte
n'est qu'un assemblage de syllabes sonores; je ne l'ai trouvee nulle
part. Tu laisses trop percer ton caractere; il faudrait le cacher avec
plus d'adresse. Au reste, peut-etre que je me trompe et que tu fais
expres; car, tu sais mieux qu'un autre comment te conduire. Les hommes,
eux, mettent leur gloire a t'imiter; c'est pourquoi la bonte sainte ne
reconnait pas son tabernacle dans leurs yeux farouches: tel pere, tel
fils. Quoi qu'on doive penser de ton intelligence, je n'en parle que
comme un critique impartial. Je ne demande pas mieux que d'avoir ete
induit en erreur. Je ne desire pas te montrer la haine que je te porte
et que je couve avec amour, comme une fille cherie; car, il vaut mieux
la cacher a tes yeux et prendre seulement, devant toi, l'aspect d'un
censeur severe, charge de controler tes actes impurs. Tu cesseras
ainsi tout commerce actif avec elle, tu l'oublieras et tu detruiras
completement cette punaise avide qui ronge ton foie. Je prefere plutot
te faire entendre des paroles de reverie et de douceur ... Oui, c'est
toi qui as cree le monde et tout ce qu'il renferme. Tu es parfait.
Aucune vertu ne te manque. Tu es tres puissant, chacun le sait. Que
l'univers entier entonne, a chaque heure du temps, ton cantique eternel!
Les oiseaux te benissent, en prenant leur essor dans la campagne. Les
etoiles t'appartiennent ... Ainsi soit-il!" Apres ces commencements,
etonnez-vous de me trouver tel que je suis!
* * * * *
Je cherchais une ame qui me ressemblat, et je ne pouvais pas la trouver.
Je fouillais tous les recoins de la terre; ma perseverance etait
inutile. Cependant, je ne pouvais pas rester seul. Il fallait quelqu'un
qui approuvat mon caractere; il fallait quelqu'un qui eut les memes
idees que moi. C'etait le matin: le soleil se leva a l'horizon dans
toute sa magnificence, et voila qu'a mes yeux se leve aussi un jeune
homme, dont la presence engendrait des fleurs sur son passage. Il
s'approcha de moi, et, me tendant la main: "Je suis venu vers toi, toi,
qui me cherches. Benissons ce jour heureux." Mais, moi: "Va-t-en; je ne
t'ai pas appele: je n'ai pas besoin de ton amitie ..." C'etait le soir;
la nuit commencait a etendre la noirceur de son voile sur la nature. Une
belle femme, que je ne faisais que distinguer, etendait aussi sur moi
son influence en
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