beaucoup, dans un
vol eleve, sans esperance et sans remords. Non ... ne conduisons pas
plus profondement la meute hagarde des pioches et des fouilles, a
travers les mines explosibles de ce chant impie! Le crocodile ne
changera pas un mot au vomissement sorti de dessous son crane. Tant pis,
si quelque ombre furtive, excitee par le but louable de venger l'humanite,
injustement attaquee par moi, ouvre subrepticement la porte de ma chambre
en frolant la muraille comme l'aile d'un goeland, et enfonce un poignard,
dans les cotes du pilleur d'epaves celestes! Autant vaut que l'argile
dissolve ses atomes, de cette maniere que d'une autre.
FIN DU DEUXIEME CHANT
CHANT TROISIEME
Rappelons les noms de ces etres imaginaires, a la nature d'ange, que ma
plume, pendant le deuxieme chant, a tires d'un cerveau, brillant d'une
lueur emanee d'eux-memes. Ils meurent, des leur naissance, comme ces
etincelles dont l'oeil a de la peine a suivre l'effacement rapide, sur
du papier brule. Leman!... Lohengrin!... Lombano!... Holzer!... un
instant, vous apparutes, recouverts des insignes de la jeunesse, a mon
horizon charme; comme des cloches de plongeur. Vous n'en sortirez plus.
Il me suffit que j'aie garde votre souvenir; vous devez ceder la place a
d'autres substances, peut-etre moins belles, qu'enfantera le debordement
orageux d'un amour qui a resolu de ne pas apaiser sa soif aupres de la
race humaine. Amour affame, qui se devorerait lui-meme, s'il ne
cherchait sa nourriture dans des fictions celestes: creant, a la longue,
une pyramide de seraphins, plus nombreux que les insectes qui
fourmillent dans une goutte d'eau, il les entrelacera dans une ellipse
qu'il fera tourbillonner autour de lui. Pendant ce temps, le voyageur,
arrete contre l'aspect d'une cataracte, s'il releve le visage, verra,
dans le lointain, un etre humain, emporte vers la cave de l'enfer par
une guirlande de camelias vivants! Mais ... silence! l'image flottante
du cinquieme ideal se dessine lentement, comme les replis indecis d'une
aurore boreale, sur le plan vaporeux de mon intelligence, et prend de
plus en plus une consistance determinee ... Mario et moi nous longions
la greve. Nos chevaux, le cou tendu, fendaient les membranes de
l'espace, et arrachaient des etincelles aux galets de la plage. La bise,
qui nous frappait en plein visage, s'engouffrait dans nos manteaux, et
faisait voltiger en arriere les cheveux de nos tetes jumelles. La
mouette, par ses cri
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