ang, sur la terre imbibee!" Et je me demandais
qui pouvait etre son maitre! Et mes yeux se recollaient a la grille avec
plus d'energie!... "Alors, celui qui aurait du penser davantage a sa
dignite et a sa justice, se releva, peniblement, sur son coude fatigue.
Seul, sombre, degoute et hideux!... Il s'habilla lentement. Les nonnes,
ensevelies depuis des siecles dans les catacombes du couvent, apres
avoir ete reveillees en sursaut par les bruits de cette nuit horrible,
qui s'entre-choquaient entre eux dans une cellule situee au-dessus des
caveaux, se prirent par la main, et vinrent former une ronde funebre
autour de lui. Pendant qu'il recherchait les decombres de son ancienne
splendeur; qu'il lavait ses mains avec du crachat en les essuyant
ensuite sur ses cheveux (il valait mieux les laver avec du crachat, que
de ne pas les laver du tout, apres le temps d'une nuit entiere passee
dans le vice et le crime), elles entonnerent les prieres lamentables
pour les morts, quand quelqu'un est descendu dans la tombe. En effet, le
jeune homme ne devait pas survivre a ce supplice, exerce sur lui par une
main divine, et ses agonies se terminerent pendant le chant des nonnes
..." Je me rappelai l'inscription du pilier; je compris ce qu'etait
devenu le reveur pubere que ses amis attendaient encore chaque jour
depuis le moment de sa disparition ... Et je me demandais qui pouvait
etre son maitre! Et mes yeux se recollaient a la grille avec plus
d'energie!... "Les murailles s'ecarterent pour le laisser passer; les
nonnes, le voyant prendre son essor, dans les airs, avec des ailes qu'il
avait cachees jusque-la dans sa robe d'emeraude, se replacerent en
silence dessous le couvercle de la tombe. Il est parti dans sa demeure
celeste, en me laissant ici; cela n'est pas juste. Les autres cheveux
sont restes sur sa tete; et, moi, je gis, dans cette chambre lugubre,
sur le parquet couvert de sang caille, de lambeaux de viande seche;
cette chambre est devenue damnee, depuis qu'il s'y est introduit;
personne n'y entre; cependant, j'y suis enferme. C'en est donc fait! Je
ne verrai plus les legions des anges marcher en phalanges epaisses, ni
les astres se promener dans les jardins de l'harmonie. Eh bien, soit ...
je saurai supporter mon malheur avec resignation. Mais, je ne manquerai
pas de dire aux hommes ce qui s'est passe dans cette cellule. Je leur
donnerai la permission de rejeter leur dignite, comme un vetement
inutile, puisqu'ils ont l'exemple de
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