u coeur, qu'elle souhaite,--sans la chercher
peut-etre, car la loi du genie, "ce deuil eclatant du bonheur", comme
disait Mme de Stael, est de la contrarier toujours. Mais sa rencontre
avec Musset, lui revelant les affres de l'amour, initiera le psychologue
aux ressorts de cette ame complexe.
[Note 5: Note annexee aux lettres que lui ecrivit George Sand. _Cf_.
vicomte de Spoelberch de Lovenjoul, _les Lundis d'un chercheur_, p. 173,
in-8 deg.; Calmann Levy, 1894.]
Un profond instinct maternel deborde sur ses passions de femme, les
transformant. Maternelle un peu a la facon de Mme de Warens, elle l'est
avec moins de mollesse, avec tout son genie actif, abondant, fier et
triste. Elle a laisse ruisseler une imagination ardente et pratique a
la fois, dans toute son oeuvre,--cet immense miroir de la nature et
de l'amour ou son instinctive indulgence se prodigue jusqu'a sembler
indifferente a tout. Bonne pour tous, en effet, ce qui l'aura faite
si cruelle pour quelques-uns. Eprise d'amitie jusqu'a y sacrifier sa
dignite meme; amante pour etre plus amie, a-t-on dit; incapable de
chagriner longtemps personne, et s'abandonnant toute pour l'eviter; mais
terriblement femme aussi, et conduite par une inexorable fantaisie.
Sa libre education avait mis en elle les germes d'une erreur qui fait de
son oeuvre un long sophisme. Une excessive pitie de la femme lui
donna de bonne heure l'obsession de l'egalite des sexes. Cette pitie
dedaigneuse n'allait pas sans une intime colere contre les immunites de
l'homme. Elle meprise la femme, qu'elle n'a guere connue et peinte que
d'apres elle-meme, pour ne pas comprendre que l'homme puisse attacher
tant d'importance a cet etre incoherent et faible. Elle n'est pas sans
un vif instinct de coquetterie,--qu'elle reprime le plus souvent,
par bonte d'ame,--ni sans certaine experience de ses charmes. Aussi
reclame-t-elle pour son sexe tous les privileges masculins, d'ou
ses revendications de l'amour libre et sa condamnation du
mariage.--Naturellement plus douee de curiosite que de temperament,
elle aventura son ame romanesque dans les plus paradoxales contrees
du sentiment. Sa recherche obstinee de l'amitie la ou elle ne pouvait
trouver que l'amour fut une autre erreur capitale de sa vie. La
confusion perpetuelle qu'elle en fit, et dont temoignent ses lettres
comme ses romans, explique les infortunes de sa jeunesse, ses
faiblesses, ses utopies. Elle pensa s'en consoler plus tard, en
cherchant a con
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