leul". Toute sa societe y figurait. On sait
qu'autour de 1840, Mme Jaubert eut le salon le plus remarquable de
Paris. Elle en a publie d'interessants _Souvenirs_ (Hetzel, 1880). Cet
album a ete perdu.
Un dernier album, celui d'un cher ami du poete, Alfred Tattet,
appartient a son gendre M. Tilliard.]
Il en envoie un echantillon a son amie, une ebauche de "ses beaux yeux
noirs qu'il a outrages hier" eu les croquant,--non sans ajouter, en
anglais, "qu'il est triste aujourd'hui".
Le lendemain 28 juillet, qui est un dimanche un camarade l'a eveille
pour lui montrer une violente critique des _Debats_ sur le _Spectacle
dans un fauteuil_ et les _Contes d'Espagne et d'Italie_[40]. Mais le
poete ne s'en soucie guere; il ecrit a son amie qu'il "a essuye son
rasoir dessus". Le voila serieusement amoureux; l'aveu de son tourment
ne doit plus tarder. On va lire la lettre charmante et trop sincere
pour etre litteraire (sans doute du 29 juillet), ou le poete se declare
timidement, loyalement, d'une passion qui remplira sa vie.
[Note 40: Article signe: J.S., _Journal des Debats_ du 28 juillet
1833.]
Mon cher George,
J'ai quelque chose de bete et de ridicule a vous dire. Je vous l'ecris
sottement, au lieu de vous l'avoir dit au retour de cette promenade,
j'en serai desole ce soir. Vous allez me rire au nez, me prendre pour
un faiseur de phrases dans tous mes rapports avec vous jusqu'ici. Vous
me mettrez a la porte et vous croirez que je mens: je suis amoureux de
vous, je le suis depuis le premier jour ou j'ai ete chez vous. J'ai
cru que je m'en guerirais, en vous voyant tout simplement a titre
d'ami. Il y a beaucoup de choses dans votre caractere qui pouvaient
m'en guerir. J'ai tache de me le persuader tant que j'ai pu; mais je
paye trop cher les moments que je passe avec vous. J'aime mieux vous
le dire, et j'ai bien fait, parce que je souffrirai bien moins pour
m'en guerir a present, si vous me fermez votre porte.
Cette nuit j'avais resolu de vous faire dire que j'etais a la
campagne; mais je ne veux pas vous faire de mysteres ni avoir l'air de
me brouiller sans sujet.
Maintenant, George, vous allez dire: "Encore un qui va m'ennuyer",
comme vous dites. Si je ne suis pas tout a fait le premier venu pour
vous, dites-moi, comme vous me l'auriez dit hier en me parlant d'un
autre, ce qu'il faut que je fasse; mais, je vous en prie, si vous
voulez me dire que vous doutez de ce que je
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