Et se cure l'oreille
Avec le plus grand soin[60].
[Note 58: La fille de G. Sand, qui habitait maintenant arec sa mere.]
[Note 59: Paul de Musset.]
[Note 60: Cette piece a ete publiee jusqu'ici par M. Clouard _(Revue
_de Paris_ du 15 aout 1896). Les trois strophes qui suivent sont
Inedites.]
La mere Lacouture[61]
Accroupie au foyer
Renverse la friture
Et casse un saladier;
De colere pieuse
Gueroult[62] tout palpitant,
Se plaint d'une dent creuse
Et des vices du temps.
Pale et melancolique,
D'un air mysterieux,
Papet[63], pris de colique,
Demande ou sont les lieux...
[Note 61: La cuisiniere de George Sand. ]
[Note 62: Adolphe Gueroult (1810-1872), publiciste, economiste
et politicien. Il venait de passer, comme G. Sand, par l'ecole
saint-simonienne.]
[Note 63: Gustave Papet, compatriote et fidele ami de G. Sand.]
Paul de Musset nous a decrit quelques divertissements de la societe de
ce couple genial, vraiment heureux et jeune, qui, au lendemain de la
publication de _Lelia_ et de _Rolla_[64], donnait dans son intimite des
soirees de deguisement, pour l'enfantin plaisir dejouer des roles.
Tel ce diner memorable ou Deburau, le celebre Pierrot des Funambules,
deguise en diplomate anglais, mystifia parfaitement le philosophe
Lerminier, sur la tete duquel Alfred de Musset, travesti en servante
cauchoise, versa, comme par maladresse, une carafe d'eau[65].
[Note 64: _Rolla_ parut dans la _Revue des Deux Mondes_ du 15 aout
1833.]
[Note 65: _Biographie_, pp. ll5-120.]
C'est sans doute a cet heureux mois de septembre qu'il faut rapporter ce
sonnet du poete a sa bien-aimee:
Puisque votre moulin tourne avec tous les vents,
Allez, braves humains, ou le vent vous entraine;
Jouez, en bons bouffons, la comedie humaine,
Je vous ai trop connus pour etre de vos gens.
Ne croyez pourtant pas qu'en quittant votre scene
Je garde contre vous ni colere ni haine,
Vous qui m'avez fait vieux peut-etre avant le temps.
Peu d'entre vous sont bons, moins encor sont mechants.
Et nous, vivons a l'ombre, o ma belle maitresse,
Faisons-nous des amours qui n'ont pas de vieillesse,
Que l'on dise de nous, quand nous mourrons tous deux:
"Ils n'ont jamais connu la crainte ni l'envie;
Voila le sentier vert, ou, durant cette vie,
En se parlant tout bas, ils souriaient entre eux[66]."
[Note 66: Ce sonnet, comme les deux pieces d'A. de Musset, citees aux
pp. 44 e
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