lfranco-Veneto, il a passe sa vie a Venise d'abord, puis a Bellune
comme medecin principal de l'hopital civil. Il y demeure, entoure d'une
nombreuse famille et fort estime.
[Note 84: Dans son roman de _Lui_, curieux a plus d'un titre (1860),
Mme Louise Colet a longuement raconte les passe-temps probables du
poete, parmi les etoiles du theatre de la Fenice et leurs amants, durant
la reclusion volontaire de G. Sand a l'hotel Danieli. Sans qu'on puisse
peut-etre s'y trop fier pour les details, cette partie de son livre
laisse une impression de vraisemblance qu'il fallait signaler. _(Lui,_
pp. 161-248, in-18, Paris, Charpentier.) Peut-etre en tenait-elle le
recit du poete lui-meme,--qui, comme on sait, eut un caprice pour elle.]
Habile et intelligent dans sa profession, avec de vrais dons de poete,
il etait d'une franche beaute, forte et plantureuse, quand il connut G.
Sand a Venise. Un portrait d'alors peint par Bevilacqua en temoigne.
Sans insister sur son caractere moral, disons du moins que le Smith
de la _Confession d'un enfant du siecle_ nous parait etre de tous ses
portraits romanesques le plus proche de la verite.
Quoique cette aventure, apres soixante-deux ans, ne releve plus guere
que de l'histoire litteraire, on concoit les repugnances du docteur
Pagello a en entretenir le public[85]. Je n'ai pas hesite cependant a
faire connaitre un document precieux qui devait eclairer singulierement
cette aventure fameuse.
[Note 85: Sa discretion a ete remarquable. C'est sans faire meme
une allusion a la nature de ce roman de jeunesse qu'il a parle pour la
premiere fois, en 1881, de ses rapports avec George Sand et Musset, dans
une lettre au _Corriere della Sera_ (traduite au _Figaro_ du 14 mars
1881). Au cours de la meme annee, un redacteur de l'_Illustrazione
italiana_, qui l'avait interroge sur ses aventures de Venise, cita
quelques fragments d'une lettre ou il ne se livrait encore qu'a
demi-mot. Il y avait alors pres de cinquante ans que les confidences
litteraires de Musset et de George Sand en instruisaient leurs
lecteurs!]
Etant, au mois de novembre 1890, a Mogliano-Veneto, l'hote d'une
Italienne du plus noble esprit, feu la comtesse Andriana Marcello, comme
je m'enquerais des traces laissees par G. Sand et Musset a Venise, elle
voulut bien demander a la fille ainee du medecin de Bellune, laquelle
habitait Mogliano, de lui confier les documents qu'elle possedait. Avec
plusieurs lettres de G. Sand, Mme Antonini
|