a voir en cet etat.
J'espere que vous aurez pour nous toute l'amitie que peuvent esperer
deux etrangers. Excusez le miserable italien que j'ecris.
G. SAND.
Ce premier recit n'est pas conforme a la legende accreditee par Paul de
Musset. D'apres celui-ci, Rebizzo, "_l'illustrissimo dottore Berizzo,_
un vieillard de quatre-vingts ans, coiffe d'une perruque jadis noire
et roussie par le temps, dont toute sa personne offrait l'embleme
decrepit", serait le medecin, le premier medecin, qui aurait introduit
Pagello chez Musset.
Une des caricatures de Musset, dans l'album de Venise, represente un
buste de vieillard penche, une lancette a la bouche, disant: _Non v'e
arteria_....
Ce medecin ignare qui ne voyait pas d'artere, etait-il Rebizzo? Je ne le
pense pas, quoique tous les biographes l'aient repete.
Le recit de Pagello donne deja un signalement contraire. Un article du
_Figaro_ de 1882, signe "Un Vieux Parisien", et vingt ans plus tot Mme
Louise Colet, dans son voyage en Italie, ont appele ce premier medecin
le docteur Santini[89].
[Note 89: _Figaro_ du 28 avril 1882.--LOUISE COLET, _l'Italie des
Italiens_, 1er volume, p. 248. Personne n'a signale ce document qui a
sa valeur. Dans une sorte d'interview de l'hotelier Danieli (1859), Mme
Louise Colet lui fait dire:
"...Je me souviens bien maintenant.... Ce joli jeune homme blond fut
gravement malade ici. C'est le vieux docteur Santini qui le soigna.
--Un vieux docteur, dites-vous?
--Toujours accompagne d'un aide, d'un jeune eleve qui faisait les
saignees et donnait les purgatifs, comme c'etait alors l'usage a Venise.
Depuis, l'eleve du docteur Santini, ce bon Pietro Pagello, est devenu
docteur a son tour; je puis vous en parler sciemment, car je suis le
parrain de sa fille ainee, qui s'est mariee cette annee a Trevise. Ce
diable de Pagello a bien eu huit enfants, ma foi! de ses deux femmes....
--Etait-il bien beau, ce Pietro Pagello?
--Un gros garcon, un peu court, blond, ayant l'air d'un Prussien."]
Et puis nous retrouverons les Rebizzo dans la suite: c'etaient des amis
de Pagello; ils voulurent preter quelque argent a George Sand, ainsi
qu'elle l'ecrivit a Musset. Une des charges de celui-ci, dans l'album de
Venise, nous montre un vieux menage endimanche, a la toilette ridicule,
ou je me plais a reconnaitre _la Bianchina_ et son mari, tels que nous
les fait entrevoir le recit de Pagello.--Revenons a son journal. Le
jeune docteur a remis a
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