son orbite, que Paul de Musset represente
pourtant comme le devoue camarade, "le terre-neuve" de l'etudiante (Lui
_et Elle,_ p. 19).]
Les dessins de Musset, nous l'avons dit, outre qu'ils ont une reelle
valeur d'art, constituent un document iconographique et litteraire
precieux. Ils n'ont pas ete publies. M. Adolphe Brisson, qui a eu la
bonne fortune de voir recemment a Bruxelles, chez M. le vicomte de
Lovenjoul, les albums de la societe du quai Malaquais (1833-1834),
contenant portraits et charges des habitues de la "mansarde" de George
Sand, en a donne une interessante description, dans un recit de sa
visite a l'erudit bibliophile belge. Passons-lui un moment la parole[72]:
"Les revelations qui viennent de se produire, la publication des lettres
de G. Sand pretent un grand interet a ces pages crayonnees; on penetre,
en les parcourant, dans l'existence meme des deux amants; il semble
qu'on les apercoive et qu'on les entende: Musset, gamin, rieur, nerveux
a l'exces; George Sand, protectrice et maternelle. Sur le premier
feuillet, Musset a griffonne des lignes qui s'entre-croisent dans un
desordre pittoresque et que je transcris exactement:
_Le public est prie de ne pas se meprendre_
CECI EST L'ALBUM DE GEORGE SAND
_le receptacle informe de ses aberrations mentales_
_et autres_.
_Je soussigne, Mussaillon_ Ier,
_declare que mon album n'est pas si cochonne_ (sic) _que ca_.
_Celui qui a inscrit mon nom_
_sur ce stupide album n'est qu'un vil facetieux. Il est
vexant d'etre accuse des turpitudes de G. Sand_.
MUSSAILLON Ier.
[Note 72: _Promenades et visites: le vicomte de Spoelberch de
Lovenjoul_, dans le _Temps_ du 4 novembre 1896.--Faisons remarquer a
M. Brisson que l'album decrit n'est pas "l'album de Venise", lequel
appartient a Mme Lardinde Musset.]
"Suivent des silhouettes, des caricatures, toutes de la main du poete et
representant pour la plupart son amie, couchee, debout, fumant la
pipe, accoudee sur un balcon, vetue tantot a la francaise et tantot a
l'orientale. Le profil est nettement dessine et tres pur et, sans doute,
tres ressemblant, le nez legerement busque, la bouche sensuelle, l'oeil
imperieux[73]. Musset se divertit aussi a croquer les amis absents: la
moue dedaigneuse de Merimee, avec cette legende: _Curvajal renfoncant
une expansion;_ la face chagrine et chafouine de Sainte-Beuve, et
au-dessous: _Le bedeau du temple de Guide canonisant une demoiselle
infortunee_. Il se
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