onsulat de Civita-Vecchia. Ce compagnon inattendu les divertit quelques
jours par son esprit mordant et ses blagues de celibataire sans
prejuges. George Sand, dans l'_Histoire de ma vie_, insiste sur
l'impression a la fois agreable et penible qu'il lui laissa. Causeur
penetrant et sans charme, observateur profond, il se moqua surtout de
ses illusions sur l'Italie. Leur descente du Rhone eut d'amusantes
peripeties. "Nous soupames avec quelques autres voyageurs de choix,
ecrit-elle, dans une mauvaise auberge de village, le pilote du bateau
a vapeur n'osant franchir le Pont-Saint-Esprit avant le jour. Il
(Stendhal) fut la d'une gaite folle, se grisa raisonnablement, et,
dansant autour de la table avec ses grosses bottes fourrees, devint
quelque peu grotesque et pas joli du tout[76]." Deux dessins de Musset,
dans l'album du voyage a Venise, presentent la charge de Stendhal,
d'abord de profil, enorme et grave sous sa redingote opulente, puis
gracieux avec ses bottes fourrees et son manteau a triple collet,
dansant devant une servante d'auberge. Arrives a Avignon, il choqua
ses compagnons par d'inconvenantes plaisanteries sur un Christ de la
cathedrale. Ils se separerent a Marseille[77].
[Note 76: _Histoire de ma vie_, cinquieme partie, chap. III.]
[Note 77: Deux lettres de G. Sand sont datees de Marseille (qu'elle a
trouvee "stupide", comme Avignon et Lyon), des 18 et 20 decembre 1833.
(_Correspondance_, I.)]
Musset et son amie s'arreterent quelques jours a Genes. Elle y eut un
acces de fievre. Une lettre de lui a sa mere nous le montre emerveille
des galeries de tableaux et des jardins de cette ville. C'est durant
ce sejour de Genes, a en croire Paul de Musset, que leur serait
malheureusement apparu le contraste de leurs natures et de leurs
educations, dans la compagnie de deux jeunes Italiens connus sur le
bateau qui les avait amenes de Marseille.
George Sand elle-meme, dans _Elle et Lui_[78], place a Genes leurs
premiers malentendus. Mais son roman est peu precis, quant a la
succession des etapes de leur histoire. La lassitude qu'elle reproche
ici a Laurent devant Therese malade, doit se rapporter aux premiers
jours de Venise[79].
[Note 78: _Lui et Elle_, 83 et sq.]
[Note 79: _Elle et Lui_, 121 et sq.]
De Genes, tous deux se rendirent par mer a Livourne. Une caricature
d'Alfred les represente, sur le bateau, en costume de voyageurs, _Elle_,
appuyee au bastingage, la cigarette aux levres, _Lui_, en proie au
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