, lui le premier, elle venant ensuite, se
laissant mener docilement comme une enfant. Il fallait se hater, car
les rafales se succedaient presque sans interruption, et la pluie ou la
grele allait fondre sur eux d'une minute a l'autre.
Quand un coup de tonnerre eclatait, le colonel sentait la main de
Carmelita serrer la sienne; puis, apres cette pression, il sentait ses
fremissements.
Sans les eclairs qui les eblouissaient et qui faisaient danser le
sentier devant leurs yeux, ils auraient pu marcher plus vite; mais il
y avait des moments ou ils devaient s'arreter, ne sachant ou mettre le
pied, n'ayant plus devant eux que des nappes de feu ou des trous noirs.
Alors les doigts de Carmelita, agites par des contractions electriques,
se crispaient dans sa main.
Le vent les frappait dans le dos et les poussait en avant. Tout a coup
ils sentirent quelques gouttes tiedes leur piquer le cou: c'etait la
pluie qui arrivait.
--Heureusement voici la hutte, dit-il.
Son bras etendu en avant, il designa une masse sombre, qu'un eclair
presque aussitot vint illuminer. Encore une centaine de metres et ils
trouvaient un abri. Lui serrant la main, il l'entraina rapidement.
La rafale qui avait apporte ces quelques gouttes de pluie passa, et il y
eut une sorte d'accalmie.
Cette hutte etait une sorte de construction en pierres seches,
recouverte d'un toit en planches chargees de quartiers de rocher pour
les maintenir en place et faire resistance au vent. Ce n'etait point un
chalet, habite pendant la saison ou les vaches frequentent la montagne;
c'etait une simple grange, dans laquelle on abritait le foin que les
vachers allaient couper a la faux sur les pentes trop rapides pour etre
paturees par leurs bestiaux. Point de porte a cette grange, point de
fenetre; une seule ouverture, qui n'etait fermee par aucune cloture.
Ils n'eurent donc pas l'embarras de chercher comment entrer en arrivant
devant cette grange, l'ouverture donnait sur le sentier; ils se jeterent
a l'abri.
Il etait temps: la pluie commencait a tomber en grosses gouttes larges
et serrees, bientot ce fut une veritable cataracte qui fondit sur le
toit de la grange; mais ils n'avaient plus rien a craindre de l'eau, ils
pouvaient respirer.
Il est vrai que ce n'etait pas de la pluie que Carmelita avait peur,
c'etait du feu, c'est-a-dire du tonnerre; et l'orage precisement venait
de se dechainer en plein sur eux.
Jusque-la ils n'avaient eu affaire qu'a l'avant-
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