, et c'est ce que je
repete, sans vouloir entrer dans le detail de ces raisons ou de ces
moyens. Si vous en trouvez qui vous conviennent, je crois que vous en
userez, sans qu'il soit besoin de nous entendre; si de mon cote j'en
trouve qui ne soient pas en desaccord avec mes sentiments ou mes
habitudes, j'en userai aussi. Cependant, puisque nous formons une
association en vue de ce resultat, il peut etre bon que nous nous
concertions quelquefois; ma porte vous sera ouverte quand vous vous
presenterez.
Le baron se leva:
--J'aurai donc l'honneur de vous revoir, madame la marquise.
--Au revoir, monsieur le baron.
Il sortit de la loge.
Le duc de Mestosa attendait sans doute ce depart dans le corridor, car
la porte n'etait pas fermee qu'elle se rouvrit devant lui.
--Une nouvelle, dit-il en se penchant vers la marquise, que tout le
monde repete.
Madame de Lucilliere leva les yeux sur lui, il paraissait radieux.
--Et vous voulez la repeter aussi? dit-elle; malheureusement pour vous,
je la connais, votre nouvelle. Le colonel Chamberlain epouse Carmelita,
n'est-ce pas? C'est cela que vous voulez m'apprendre?
--Il est vrai.
--Et c'est pour cela que vous paraissez si joyeux Eh bien! mon cher,
cette joie est une injure pour moi; cachez-la donc, je vous prie, et
tachez de prendre un air indifferent.
--Ce mariage vous peine donc bien vivement?
--Ce que vous dites-la est une nouvelle injure, et de plus c'est une
niaiserie. Ce mariage ne me peine ni me rejouit. Ce qui me fache, c'est
de vous voir montrer une joie qui prouve que vous n'avez jamais ajoute
foi a mes paroles, que vous avez toujours et malgre tout persiste
dans vos soupcons ridicules; si bien qu'aujourd'hui vous eclatez de
satisfaction a l'annonce de ce mariage. Ce que je vous ai dit n'a servi
a rien; il vous fallait une preuve, ce mariage vous la donne. Eh bien!
mon cher, cela me blesse et me fache. Faites-moi donc le plaisir d'aller
porter ailleurs votre joie triomphante, ou plutot cachez-la aux yeux des
gens qui se moqueraient de vous.
--Mais....
--Je desire etre seule. Cette nuit, vous reflechirez, et demain matin
sans doute vous aurez compris; s'il vous faut plusieurs jours, ne vous
genez pas, prenez-les.
Et le duc sortit la tete basse, beaucoup moins fier qu'il n'etait entre.
Mais madame de Lucilliere ne resta pas seule, comme elle le desirait.
Apres le duc de Mestosa, ce fut le prince Seratoff qui vint lui faire
visite; puis, ap
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