n, je ne sais ce que vous avez du penser.
"En tous cas, quelles qu'aient ete les accusations que vous avez pu
porter contre moi ou contre ma conduite, elles etaient fondees, puisque
vous ignoriez a quel mobile j'obeissais en partant.
"Aujourd'hui, l'heure est venue de vous donner les explications de cette
conduite etrange qui, une fois encore, a du justement vous indigner, et
je veux le faire franchement, loyalement, comme il convient a un homme
d'honneur qui croit devoir se justifier.
"Pourquoi suis-je parti sans vous avertir?
"Tout d'abord c'est a cette question que je veux repondre, car c'est la
premiere, n'est-ce pas, que vous vous etes posee?
"En effet, n'etait-il pas tout simple et tout naturel que, voulant
partir, je prisse la peine de vous le dire. Pour cela qu'avais-je a
faire? A frapper deux coups a notre porte de communication, qui se
serait ouverte devant moi et qui m'eut donne toute facilite pour
m'expliquer.
"Je ne l'ai pas fait, cependant, et je dois vous dire pourquoi, avant
d'aller plus loin.
"La facilite materielle de m'expliquer, je la trouvais par ce moyen;
mais je ne trouvais pas en meme temps la liberte morale, et c'etait
cette liberte morale que je voulais, que j'ai cherchee, que j'ai trouvee
dans ce brusque depart.
"Lorsque nous nous sommes separes, en rentrant de notre promenade, je
ne pensais nullement a ce depart; bien au contraire, je n'avais qu'une
idee, qu'un but rester pres de vous.
"Je ne sais ce qu'a ete cette nuit pour vous apres les sensations et les
emotions de notre journee.
"Pour moi elle a ete une nuit de reflexions les plus graves; car c'etait
ma vie que j'allais decider, c'etait en meme temps la votre.
"Dans des conditions pareilles, direz-vous encore, pourquoi n'avoir pas
frappe a la porte de communication?
"Ma reponse sera franche.
"Parce j'aurais subi votre influence toute-puissante, irresistible, et,
au lieu de voir par mes propres yeux, au lieu de sentir par mon propre
coeur, au lieu de raisonner avec ma propre raison, je me serais laisse
entrainer, j'aurais vu par vos yeux, j'aurais senti par votre coeur, je
n'aurais pas raisonne.
"J'ai voulu m'assurer cette liberte d'examen et de decision.
"Voila comment je suis parti, sans vous parler de ce depart, convaincu a
l'avance que, si je vous disais un seul mot, je ne partirais point.
"Or il fallait, il fallait absolument que je partisse, pour avoir toute
ma liberte de conscience.
"En vous q
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