u'acceptees avec le vainqueur; conspirations et revoltes, toujours
ecrasees par l'implacable droit du plus fort; effacement final des
nationalites partielles, et fusion politique dans la grande nationalite
romaine.
Mais c'est ici que l'histoire tres-confuse de ces nationalites vaincues
prendrait de l'interet si elle avait de plus grandes proportions, et
si elle n'etait bouleversee a chaque instant par le flot des invasions
barbares. Ces peuples d'origines differentes, qui, tantot, faisaient
alliance avec les Romains contre leurs voisins, et tantot revenaient a
l'alliance naturelle contre Rome, conserverent toujours un sentiment de
patriotisme etroit, ou plutot un secret orgueil de race qui leur fit
meme preferer le joug de l'etranger a celui de Home. Tusculum persista,
jusqu'au XIIe siecle, a trahir en toute occasion la cause romaine,
aimant mieux epouser celle des Allemands que celle des papes, comme si
l'affront subi au lac de Regule n'eut pas ete efface apres un millier
d'annees d'apparentes reconciliations. Enfin, les haine" du moyen age
rallumerent, dans toute sa rudesse barbare, l'antique inimitie. Les
Romains fondirent sur Tusculum, la pillerent et la detruisirent de fond
en comble sous le pontificat du pape Celestin III. Une circonstance
caracteristique, c'est que le pape avait fait de l'abandon de la
citadelle de Tusculum la condition du couronnement de l'empereur, et
qu'a peine les Allemands etaient-ils sortis par une porte, les Romains
entrerent par l'autre, livrant cette pauvre ville a toutes les horreurs
de la guerre. Et pourtant, Jesus avait passe dans l'histoire des hommes;
ses autels avaient remplace ceux des Nemesis paiennes. Le vainqueur ne
s'appelait plus Furius, mais Celestin.
La societe tusculane disparut avec sa ville, avec sa citadelle ses
temples et ses theatres. Les fugitifs se disperserent. Quelques-uns se
grouperent autour d'une chapelle situee dans des bosquets naturels, sur
les gradins inferieurs de leur montagne, et qu'on appelait la Madone des
Feuillages (Frasche). De la le nom, de la la ville de Frascati; de la
le dedain et l'aversion de tout veritable _Frascatino_ pour Rome et ses
habitants.
--_Tutti ladri! tutti birbanti!_ s'ecrie a chaque instant la Tusculane
Mariuccia, quand, on reveille le levain de, ses passions latines.
Et pourtant, la Mariuccia sait si peu l'histoire de son pays, qu'elle
prend Lucullus pour un pape, et la villa Piccolomini pour le berceau de
la race pelagi
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