uit que vous voulez
faire massacrer les Parisiens par les huguenots. En vous faisant
escorter par les heretiques, vous avez signifie aux gentilshommes
catholiques qu'ils ne vous etaient plus rien, et que, sous peu, il leur
faudrait ceder le pas aux huguenots. Voila ce que vous avez fait, sire!
O mon Dieu! ajouta-t-elle tout a coup en levant les bras, eclairez le
roi, et dites-lui, vous, puisqu'il se mefie de sa mere, dites-lui que
l'heure est venue de mourir ou de tuer!
--Tuer! Toujours tuer!... Qui faut-il tuer?
--Coligny!
--Jamais!
Charles se redressa, livide, hagard. Les paroles de sa mere lui
donnaient le vertige. Une exorbitante terreur s'etait emparee de lui.
Il jetait autour de lui des regards de fou, et sa main s'incrustait
au manche de son poignard. Mais la pensee de ce proces terrible qu'il
faudrait faire a l'amiral (car, dans son esprit, c'etait de cela qu'il
s'agissait) lui causait une insurmontable horreur.
Il est vrai qu'il avait quelque temps cru sa mere; il avait admis que
l'amiral conspirait contre lui. Mais les preuves de l'innocence du vieux
chef s'etaient accumulees si nombreuses, si evidentes dans son esprit,
qu'il avait du se rendre a cette evidence.
--Vous m'aviez dit, continua-t-il, que j'aurais les preuves de la
trahison de Coligny et des huguenots. Ou sont-elles, ces preuves?
--Vous voulez des preuves? Vous en aurez!
--Et quand cela?
--Demain matin: pas plus tard. Ecoutez. Je suis parvenue a faire saisir
deux aventuriers qui ont surpris bien des secrets et qui en savent long
a la fois sur Guise, sur Montmorency et sur Coligny. L'un d'eux est ce
jeune homme, le chevalier de Pardaillan, qui vint au Louvre en compagnie
du marechal, et qui eut une si etrange attitude. L'autre est son pere.
Je tiens ces deux hommes. Demain matin, ils vont etre interroges au
Temple, ou ils sont prisonniers. Je vous apporterai le proces-verbal de
l'interrogatoire et vous verrez que Coligny n'est venu a Paris que pour
vous frapper!
La reine parlait avec une telle force de conviction que Charles, deja
terrorise, se sentit cette fois convaincu.
Toutefois, il ne voulut pas avoir l'air de ceder et dit avec une fermete
apparente:
--C'est bien, madame, demain, je veux lire moi-meme l'interrogatoire de
ces Pardaillan.
--Ce n'est pas tout, mon fils! reprit Catherine avec plus d'energie
encore. Je vous ai dit que Tavannes se trouve dans mon oratoire, et
vous m'avez dit, vous, que vous vous defiez
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