us demander s'il ne vous ennuierait pas trop de nous
emmener avec vous dans votre beau pays de France?
--Morbleu! c'est la ce que vous appelez demander un service! Mais,
cornes du diable! c'est vous qui me rendez service en consentant a tenir
compagnie a un vieux routier tel que moi!
--Alors, c'est dit? Quand les affaires que vous avez a traiter ici
seront terminees, je pars avec vous. Il me semble que dans votre pays je
pourrais me faire ma place au soleil, sans deroger a l'honneur.
--Et, soyez tranquille, vous vous la ferez grande et belle, ou j'y
perdrai mon nom.
--Autre chose, dit le Torero avec une emotion contenue: s'il m'arrivait
malheur...
--Ah! fit Pardaillan herisse.
--Il faut tout prevoir. Je vous confie la Giralda. Aimez-la,
protegez-la. Ne la laissez pas ici... on la tuerait. Voulez-vous me
promettre cela?
--Je vous le promets, dit simplement Pardaillan. Votre fiancee sera ma
soeur, et malheur a qui oserait lui manquer.
--Me voici tout a fait rassure, chevalier. Je sais ce que vaut votre
parole.
--Eh bien, eclata Pardaillan, voulez-vous que je vous dise? Vous avez
bien fait de repousser les offres de Fausta. Si vous avez eprouve un
dechirement a renoncer a la couronne qu'on vous offrait, soyez console,
car vous n'etes pas plus fils du roi Philippe que moi.
--Ah! je le savais bien! s'ecria triomphalement le Torero. Mais,
vous-meme, comment savez-vous?
--Je sais bien des choses que je vous expliquerai plus tard, je vous en
donne ma parole. Pour le moment, contentez-vous de ceci: Vous n'etes pas
le fils du roi, vous n'aviez aucun droit a la couronne offerte.
Et avec une gravite qui impressionna le Torero:
--Mais vous n'avez pas le droit de hair le roi Philippe. Il vous faut
renoncer a certains projets de vengeance dont vous m'avez entretenu. Ce
serait un crime, vous m'entendez, un crime!
--Chevalier, dit le Torero aussi emu que Pardaillan, si tout autre que
vous me disait ce que vous me dites, je demanderais des preuves. A
vous, je dis ceci: Des l'instant ou vous affirmez que mon projet serait
criminel, j'y renonce.
--Et vous verrez que vous aurez lieu de vous en feliciter. Vous viendrez
en France, pays ou l'on respire la joie et la sante; vous y epouserez
votre adorable Giralda, vous y vivrez heureux et... vous aurez beaucoup
d'enfants.
Et Pardaillan eclata de son bon rire sonore.
Le Torero, entraine, lui repondit en riant aussi.
--Je le crois, parce que vous le dites
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