n installation tres
modeste--nous savons qu'il n'etait pas riche. Une toute petite tente
sans oriflammes, sans ornements d'aucune sorte lui suffisait.
En effet, a l'encontre des autres toreros qui, armes de pied en
cap, etaient montes sur des chevaux solides et fougueux, revetus de
caparacons de combat, don Cesar se presentait a pied. Il dedaignait
l'armure pesante et massive et revetait un costume de cour d'une
elegance sobre et discrete qui faisait valoir sa taille moyenne, mais
admirablement proportionnee. Le seul luxe de ce costume residait dans la
qualite des etoffes choisies parmi les plus fines et les plus riches.
Ses seules armes consistaient en sa cape de satin qu'il enroulait autour
de son bras et dont il se servait pour amuser et tromper la bete en
fureur, et une petite epee de parade en acier forge, qui etait une
merveille de flexibilite et de resistance. L'epee ne devait lui servir
qu'en cas de peril extreme. Jamais, jusqu'a ce jour, il ne s'en etait
servi autrement que pour enlever de la pointe, avec une dexterite
merveilleuse, le flot de rubans dont la possession faisait de lui le
vainqueur de la brute. Le Torero consentait bien a braver le taureau, a
l'agacer jusqu'a la fureur, mais se refusait energiquement a le frapper.
Sa suite se composait generalement de deux compagnons qui le secondaient
de leur mieux, mais a qui don Cesar ne laissait pas souvent l'occasion
d'intervenir. Toutes les ruses, toutes les feintes de l'animal ne le
prenaient jamais au depourvu, et l'on eut pu croire qu'il les devinait.
En cas de peril, les deux compagnons s'efforcaient de detourner
l'attention du taureau.
En arrivant sur l'emplacement qui lui etait reserve, le Torero reconnut
avec ennui les armes de don Iago de Almaran sur la tente a cote de
laquelle il lui fallait faire dresser la sienne. Le Torero savait
parfaitement que Barba Roja, pris d'un amour de brute pour la Giralda,
avait cherche a differentes reprises a s'emparer de la jeune fille. Il
savait que Centurion agissait pour le compte du dogue du roi, et
que, fort de sa faveur, il se croyait tout permis. On concoit que ce
voisinage, peut-etre intentionnel, ne pouvait lui etre agreable.
Avant de se rendre sur la place San Francisco, il y avait eu une
grande discussion entre la Giralda et don Cesar. Sous l'empire de
pressentiments sinistres, celui-ci suppliait sa fiancee de s'abstenir de
paraitre a la course et de rester prudemment cachee a l'auberge de la
To
|