vre?
--Je le suis aussi, dit le Torero en souriant. La ganaderia que je
possede m'a ete leguee par celui qui m'a eleve et qui la tenait, sans
nul doute, de mon pere ou de ma mere. Mais elle ne me rapporte rien.
--Vous m'en direz tant...
Et profitant de ce que le Torero sortait pour donner des instructions
aux deux hommes qui, en outre du Chico, devaient l'assister dans sa
course:
--Dis-moi, fit Pardaillan lorsqu'il se vit seul avec le nain, quelle
mouche t'a pique de venir precisement aujourd'hui t'enroler dans la
suite de don Cesar?
Le Chico regarda fixement Pardaillan.
--Vous le savez bien, dit-il.
--Moi! Le diable m'emporte si je sais ce que tu veux dire!
Le Chico jeta un coup d'oeil furtif sur la portiere, et baissant la
voix:
--Vous avez cependant entendu ce qui se disait dans la salle
souterraine, dit-il.
--Quel rapport?...
--Vous savez bien que don Cesar est en peril, puisque vous ne le quittez
pas d'une semelle.
--Quoi! fit Pardaillan, emu par la simplicite naive de ce devouement.
Quoi! c'est pour cela que tu es venu t'offrir? C'est pour le defendre
que tu as pris cette dague qui te donne un air si crane?
Et il considerait le petit homme avec une admiration attendrie.
Le nain cependant se meprit sur la signification de ce coup d'oeil, et,
hochant tristement la tete, il dit, sans amertume:
--Je vous comprends. Vous vous dites que ma faiblesse et ma petite
taille ne pourront apporter qu'une aide illusoire s'il y a bataille.
Peut-on savoir? La piqure d'un mosquito (moustique) suffit parfois pour
detourner le bras qui allait porter le coup mortel. Je puis etre ce
mosquito, tiens!
--Je ne pense pas cela, dit gravement Pardaillan. Loin de moi la pensee
de chercher a diminuer ton genereux devouement. Mais, mon petit, sais-tu
que la lutte sera terrible, la bagarre affreuse?
--Je le sais, tiens!
--Sais-tu que tu risques ta peau?
--Pour ce qu'elle vaut, ce n'est vraiment pas la peine d'en parler. Et
puis, si vous croyez que je tiens a la vie, vous vous trompez, ajouta le
nain d'un ton desabuse.
--Chico, fit sincerement Pardaillan, tu es tout petit par la taille,
mais tu as un grand coeur.
--Tiens! vous voulez bien le dire, et vous le croyez comme vous le
dites, et cela doit etre, puisque vous le dites. Depuis que je vous
connais, j'ai comme cela des idees que je ne comprends pas tres bien.
On m'eut fort etonne en me disant que je pourrais concevoir de telles
idees. C'est
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