monde. En sorte
que le roi, dans son fauteuil, n'avait qu'a tourner la tete a droite ou
a gauche pour s'entretenir a part, soit avec son ministre, soit avec ce
page a qui on accordait cet honneur extraordinaire.
Le mysterieux page n'etait autre que Fausta.
Fausta, le matin meme, avait livre a Espinosa le fameux parchemin qui
reconnaissait Philippe d'Espagne comme unique heritier de la couronne de
France. Le geste spontane de Fausta lui avait concilie la faveur du roi
et les bonnes graces du ministre. Elle n'avait cependant pas abandonne
la precieuse declaration du feu roi Henri III sans poser ses petites
conditions.
L'une de ces conditions etait qu'elle assisterait a la course dans la
loge royale et qu'elle y serait placee de facon a pouvoir s'entretenir
en particulier, a tout instant, avec le roi et son ministre. Une autre
condition, comme corollaire de la precedente, etait que tout messager
qui se presenterait en prononcant le nom de Fausta serait immediatement
admis en sa presence, quels que fussent le rang, la condition sociale;
voire le costume de celui qui se presenterait ainsi.
D'Espinosa connaissait suffisamment Fausta pour etre certain qu'elle ne
posait pas une telle condition par pure vanite. Elle devait avoir des
raisons serieuses pour agir ainsi. Il s'empressa d'accorder tout ce
qu'elle demandait.
Peut-etre tramait-elle quelque guet-apens contre Pardaillan?
Or, le roi avait une dent feroce contre ce petit gentilhomme, cette
maniere de routier sans feu ni lieu, qui l'avait humilie, lui, le roi,
et qui, non content de malmener ses fideles, dans sa propre antichambre,
avait eu l'audace de lui parler devant toute sa cour avec une insolence
qui reclamait un chatiment exemplaire.
Des que le roi parut au balcon, les ovations eclaterent, enthousiastes,
aux fenetres et aux balcons de la place, occupes par les plus grands
seigneurs du royaume. Les memes vivats eclaterent aussi, nourris et
spontanes, dans les tribunes occupees par des seigneurs de moindre
importance. De la, les acclamations s'etendirent au peuple masse debout
sur la place. La verite nous oblige a dire qu'elles furent, la, moins
nourries.
Le roi remercia de la main et, aussitot, un silence solennel plana sur
cette multitude.
C'est au milieu de ce silence que Pardaillan parut sur les gradins,
cherchant a gagner la place qui lui etait reservee. Car, d'Espinosa,
conseille par Fausta qui connaissait son redoutable adversaire, avait
esco
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