e le Torero passait sous silence tout ce qui concernait
l'attentat premedite sur sa personne, que lui avait annonce Fausta.
Celle-ci avait parle d'une armee mise sur pied, d'emeute, de
bataille, et sur ce point le Torero pensait fermement qu'elle avait
considerablement exagere. Il croyait donc a une vulgaire tentative
d'assassinat, et eut rougi de paraitre implorer un secours pour si peu.
Il devait amerement se reprocher plus tard ce faux point d'honneur.
Pardaillan de son cote cherchait a demeler la verite dans les reticences
du jeune homme. Il n'eut pas de peine a la decouvrir, puisqu'il avait
entendu Fausta adjurer les conjures de se rendre a la corrida pour y
sauver le prince menace de mort. Il conclut en lui-meme:
"Allons, il est brave vraiment. Il sait qu'il sera assailli, et il ne me
dit rien. Heureusement, je sais, moi, et je serai la, moi aussi."
Et tout haut, il dit:
--Je disais bien, tout n'est pas perdu. Apres-demain vous pourrez dire a
la princesse que vous acceptez d'etre son heureux epoux.
--Ni apres-demain ni jamais, dit energiquement le Torero. J'espere bien
ne jamais la revoir. Du moins ne ferai-je rien pour la rencontrer. Ma
conviction est absolue: je ne suis pas le fils du roi, je n'ai aucun
droit au trone qu'on veut me faire voler. Et, quand bien meme je serais
fils du roi, quand bien meme j'aurais droit a ce trone, ma resolution
est irrevocablement prise: Torero je suis, Torero je resterai. Pour
accepter, je vous l'ai dit, il faudrait que le roi consentit a me
reconnaitre spontanement. Je suis bien tranquille sur ce point. Et,
quant a l'alliance de Mme Fausta, j'ai l'amour de ma Giralda, et il me
suffit.
Les yeux de Pardaillan petillaient de joie. Il le sentait bien sincere,
bien determine. Neanmoins, il tenta une derniere epreuve.
--Bah! fit-il, vous reflechirez. Une couronne est une couronne. Je ne
connais pas de mortel assez grand, assez desinteresse pour refuser la
supreme puissance.
--Bon! dit le Torero en souriant. Je serai donc cet oiseau rare.
N'ajoutez pas un mot, vous n'arriveriez pas a me faire changer d'idee.
Laissez-moi plutot vous demander un service.
--Dix services, cent services, dit le chevalier tres emu.
--Merci, dit simplement le Torero: j'escomptais un peu cette reponse, je
l'avoue. Voici donc: j'ai des raisons de croire que l'air de mon pays ne
nous vaut rien, a moi et a la Giralda.
--C'est aussi mon avis, dit gravement Pardaillan.
--Je voulais donc vo
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