une direction opposee a celle de Gran. Nous allons nous diriger
du meme cote et suivre au besoin a la piste le cheval dont le fer est
incomplet. Il n'y a pas apparence que nos gaillards aient voyage pendant
le jour. Ils se sont sans doute terres quelque part jusqu'au soir. Or,
la region est peu habitee et les maisons ne sont pas bien nombreuses.
Nous fouillerons au besoin toutes celles que nous trouverons sur la
route. Reunis tes hommes, car voici venir la nuit, et le gibier doit
commencer a se donner de l'air."
Karl Dragoch et son escouade durent marcher longtemps avant de decouvrir
un indice nouveau. Il etait pres de dix heures et demie quand, apres
avoir visite inutilement deux ou trois fermes, ils arriverent, au
croisement des trois routes, a l'auberge ou les deux rouliers avaient
passe la journee et d'ou ils venaient de partir trois quarts d'heure
plus tot. Karl Dragoch heurta rudement la porte.
"Au nom de la loi! prononca Dragoch lorsqu'il vit apparaitre a sa
fenetre l'aubergiste, dont il etait ecrit que le sommeil serait trouble
ce jour-la.
--Au nom de la loi!.. repeta l'aubergiste, epouvante en voyant sa
demeure cernee par cette troupe nombreuse. Qu'ai-je donc fait?
--Descends, et l'on te le dira... Mais surtout ne tarde pas trop,"
repliqua Dragoch d'une voix impatiente.
Quand l'aubergiste, a demi vetu, eut ouvert sa porte, le policier
proceda a un rapide interrogatoire. Une charrette etait-elle venue ici
dans la matinee? Combien d'hommes la conduisaient? S'etait-elle arretee?
Etait-elle repartie? De quel cote s'etait-elle dirigee?
Les reponses ne se firent pas attendre. Oui, une charrette conduite par
deux hommes etait venue a l'auberge de bon matin. Elle y avait sejourne
jusqu'au soir, et n'etait repartie qu'apres la venue d'un troisieme
personnage attendu par les deux charretiers. La demie de neuf heures
avait deja sonne, quand elle s'etait eloignee dans la direction de
Saint-Andre.
"De Saint-Andre? insista Karl Dragoch. Tu en es sur?
--Sur, affirma l'aubergiste.
--On te l'a dit, ou tu l'as vu?
--Je l'ai vu.
--Hum!.. murmura Karl Dragoch, qui ajouta: C'est bon. Remonte te coucher
maintenant, mon brave, et tiens ta langue."
L'aubergiste ne se le fit pas dire deux fois. La porte se referma, et
l'escouade de police demeura seule sur la route.
"Un instant!" commanda Karl Dragoch a ses hommes qui resterent
immobiles, tandis que lui-meme, muni d'un fanal, examinait
minutieusement le s
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