re ces divers mouvemens. La frontiere francaise est assez
singulierement decoupee au Nord et a l'Est. L'Escaut, la Meuse, la Moselle,
la chaine des Vosges, le Rhin, courent vers le Nord en formant des lignes
presque paralleles. Le Rhin, arrive a l'extremite des Vosges, tourne
subitement, cesse de couler parallelement a ces lignes, et les termine en
tournant le pied des Vosges, et en recevant dans son cours la Moselle et la
Meuse. Les coalises, sur la frontiere du Nord, s'etaient avances entre
l'Escaut et la Meuse; entre la Meuse et la Moselle, ils n'avaient point
fait de progres, parce que le faible corps laisse par eux entre Luxembourg
et Treves n'avait rien pu tenter; mais ils pouvaient davantage entre la
Moselle, les Vosges et le Rhin. On a vu qu'ils s'etaient places a cheval
sur les Vosges, partie sur le versant oriental, et partie sur le versant
occidental. Le plan a suivre, comme nous l'avons dit precedemment, etait
assez simple. En considerant l'arete des Vosges comme une riviere dont il
fallait occuper les passages, on pouvait porter toutes ses masses sur une
rive, accabler l'ennemi d'un cote, puis revenir l'accabler de l'autre. Ni
les Francais, ni les coalises n'en avaient eu l'idee; et depuis la prise de
Mayence, les Prussiens, places sur le revers occidental, faisaient face a
l'armee du Rhin. Nous etions retires dans les fameuses lignes de,
Wissembourg. L'armee de la Moselle, au nombre de vingt mille hommes, etait
postee a Saarbruck, sur la Sarre; le corps des Vosges, au nombre de douze
mille, se trouvait a Hornbach et Kettrick, et se liait dans les montagnes a
l'extreme gauche de l'armee du Rhin. L'armee du Rhin, forte de vingt mille
hommes, gardait la Lauter, de Wissembourg a Lauterbourg. Telles sont les
lignes de Wissembourg; la Sarre coule des Vosges a la Moselle, la Lauter
des Vosges dans le Rhin, et toutes les deux forment une seule ligne, qui
coupe presque perpendiculairement la Moselle, les Vosges et le Rhin. On en
devient maitre en occupant Saarbruck, Hornbach, Kettrick, Wissembourg et
Lauterbourg. C'est ce que nous avions fait. Nous n'avions guere plus de
soixante mille hommes sur toute cette frontiere, parce qu'il avait fallu
porter des secours a Houchard. Les Prussiens avaient mis deux mois a
s'approcher de nous, et s'etaient enfin portes a Pirmasens. Renforces des
quarante mille hommes qui venaient de terminer le siege de Mayence, et
reunis aux Autrichiens, ils auraient pu nous accabler sur l'un ou l
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